Une nappe phréatique qui aurait été contaminée par un déversement de l'oléoduc Énergie Est nécessiterait plusieurs années de travaux de décontamination avant de revenir à la normale.

C'est ce qu'a affirmé l'ingénieure-géologue Chantal Savaria, de la firme Savaria Experts Conseils, devant le Bureau d'audiences publiques sur l'environnement (BAPE), qui poursuivait la portion de ses audiences sur les scénarios de déversement, vendredi matin à Lévis.

«On parle d'un horizon de deux à cinq ans et même peut-être dix ans, dépendamment du type de contaminant, de la profondeur de la nappe et du type de géologie qui est affecté», a-t-elle indiqué, ajoutant qu'il s'agissait là d'une contamination beaucoup plus préoccupante qu'au sol.

«Il y a une grande partie qui va s'infiltrer, qui va aller rejoindre l'eau souterraine (...) et ça migre l'eau souterraine. Ça peut aller jusqu'à 300, 400, 500 mètres, dépendamment du type de contaminant», a-t-elle précisé.

«Décontaminer de l'eau souterraine, c'est plus complexe que d'enlever les sols contaminés en surface», a aussi souligné Mme Savaria.

Un producteur agricole, Jean Gosselin, s'est également interrogé sur la dispersion d'une contamination en zone agricole, où les terres sont aménagées pour assurer un drainage intensif.

«Qu'est-ce qui arrive avec ce pétrole (dans) tout le réseau de drainage? On est très efficace maintenant sur le plan du drainage. Les pluies et tout ça, ça s'en va dans le réseau hydrographique très rapidement», a fait valoir M. Gosselin.

Stéphane Grenon, consultant en intervention d'urgence pour Énergie Est, a répondu que l'entreprise était bien au fait de cette problématique et qu'elle était comprise dans les scénarios de déversement.

«C'est certain qu'il y a une possibilité que le pétrole entre dans les drains et se mette à voyager sur une certaine distance», a-t-il dit.

«Dans l'élaboration des plans d'urgence, nous prenons en considération tous les fossés qui sont le long de la conduite qui pourraient servir de voie de transport du pétrole éventuellement et, à l'intérieur de ces fossés, on détermine ce que nous appelons des points de contrôle, c'est-à-dire des endroits où on pourrait déployer des équipements lors d'une situation d'urgence», a ajouté M. Grenon.

Pour une rare fois, par ailleurs, les promoteurs du projet ont entendu un intervenant venu appuyer l'oléoduc Énergie Est, en l'occurrence le directeur adjoint du local 791 de la FTQ-Construction, Dominic Girard, dont les membres seraient parmi les grands bénéficiaires des retombées économiques du projet.

M. Girard a expliqué avoir lui-même installé des pipelines et remplacé des conduites âgées.

«Les nouvelles techniques, les nouvelles inspections, les soudures robotisées, les nouveaux enduits qui peuvent être mis sur les tuyaux sont beaucoup mieux qu'il y a 40 et 50 ans», a-t-il dit.

«J'ai vu de mes propres yeux dans la tranchée ce que ça donne comme tuyaux et je peux dire que j'ai vraiment confiance aux nouveaux tuyaux», a indiqué le syndicaliste, faisant valoir qu'il serait préférable, selon lui, d'utiliser ce mode de transport plutôt que le train après la catastrophe de Lac-Mégantic en juillet 2013.