Le premier ministre Justin Trudeau semble être sur le point de récolter les bénéfices du travail préparatoire fait par le précédent gouvernement conservateur en matière de climat lorsqu'il se rendra à Washington pour une visite d'État cette semaine.

Des ententes bilatérales pour réduire le méthane et le noir de carbone sont parmi celles en préparation alors que M. Trudeau rencontrera le président Barack Obama, a laissé entendre mardi l'envoyé spécial de la Maison-Blanche sur le climat.

Les Américains ont pris le relais de la présidence du Conseil de l'Arctique - un poste détenu par le Canada lors des deux dernières années - et affirment qu'ils vont continuer de faire pression pour la réduction des polluants à courte durée de vie incluant le méthane, les hydrofluorocarbures, et le noir de carbone qui ont plus d'effets sur le réchauffement climatique que le dioxyde de carbone.

Le noir de carbone, créé par la combustion des combustibles fossiles comme le diesel, est aussi un problème dans l'Arctique identifié par le gouvernement conservateur en raison des propriétés réchauffantes de la suie sur la couche de neige.

« Il y a un certain nombre de domaines de coopération potentielle », a déclaré l'envoyé de la Maison-Blanche Todd Stern, lors d'un point de presse à Washington mardi.

« L'un d'entre eux impliquerait un engagement à réduire les émissions de méthane de 40 à 45 % en dessous des niveaux de 2012 d'ici 2025 dans les secteurs du gaz et du pétrole ».

M. Stern a ajouté que des démarches étaient en cours pour modifier le Protocole de Montréal de 1987, qui traitait des substances qui appauvrissent la couche d'ozone, pour éliminer progressivement les hydrofluorocarbures par autant que 90 gigatonnes d'équivalent de CO2 d'ici 2050.

Les mesures climatiques qui pourraient être annoncées cette semaine pourraient inclure « une coopération bilatérale accrue » dans les secteurs du gaz et du pétrole portant sur les véhicules utilitaires lourds et les infrastructures énergétiques, a dit M. Stern.

Les deux pays discutent aussi des plans de l'Organisation de l'aviation civile internationale (OACI) de créer des mesures conçues pour que les émissions globales de l'aviation civile soient « neutres » à partir de 2020.

La ministre fédérale de l'Environnement Catherine McKenna n'a offert aucun détail après une réunion du cabinet à Ottawa, mais a signalé que le climat serait un sujet pour les annonces de la visite de Washington. Elle est l'un des membres du cabinet - ils seront au moins quatre - qui doivent faire partie de la délégation de M. Trudeau.

« On doit regarder comment on peut travailler avec nos partenaires aux États-Unis et au Mexique et comment on peut s'enligner d'un point de vue régulatoire », a-t-elle dit.

M. Stern a eu des éloges pour le nouveau gouvernement libéral du Canada, affirmant que la relation entre les deux voisins nord-américains au sujet du climat s'est grandement améliorée depuis la dernière élection fédérale d'octobre et que le Canada a fait « une impression très positive » lors de la dernière conférence de Paris sur le climat.

Mais les libéraux construisent aussi sur les initiatives des conservateurs.

Tony Clement, le porte-parole conservateur en matière d'Affaires étrangères, a dit que les mesures sur le méthane et le noir de carbone étaient déjà amorcées.

Il a aussi fait remarquer que M. Trudeau traiterait avec un président dont le mandat tire à sa fin.

Scott Vaughan, le président de l'Institut international pour le développement durable, a déclaré en entrevue qu'il y avait « une quantité importante de travail préexistant » entre le Canada et les États-Unis pour la réduction du méthane et vers une énergie propre.

Un nouveau degré de coopération entre le Canada et les États-Unis pourrait accélérer la planification existante, a ajouté M. Vaughan, qui est l'ancien commissaire fédéral à l'environnement.