Le charbon est subventionné à hauteur de 10 milliards d'euros (plus de 14 milliards de dollars) par an en Europe, et la production d'électricité à partir de cette énergie fossile serait beaucoup plus onéreuse sans ce soutien, selon les chiffres compilés par deux organisations.

Rien qu'en Allemagne, la production et l'exploitation du charbon reçoivent 3,7 milliards d'euros (5,3 milliards de dollars) d'argent public par an, selon l'«atlas du charbon» compilé par la fondation Heinrich-Böll et l'ONG Friends of the Earth, qui doit être présenté la semaine prochaine à Bruxelles et dont des extraits ont été communiqués à l'avance à l'AFP.

À quelques semaines du sommet COP21 à Paris sur le climat, les deux organisations ont calculé qu'entre 1990 et 2007, quelque 200 milliards d'euros (280 milliards de dollars) de subventions avaient alimenté le secteur du charbon de l'Union européenne.

Il peut s'agir d'aides directes à la recherche et au développement dans ce secteur, par exemple ces dernières années pour le développement de la technologie de captage et stockage du CO2 appelée CCS (carbon capture and storage), détaillent les auteurs de l'atlas; par le biais des fonds structurels et de cohésion de l'UE, et du budget des États membres, les subventions accordées à la conversion de certaines régions ou aux plans sociaux dans le charbon constituent aussi une aide publique indirecte, de même que des allègements fiscaux pour les industriels.

La fondation Heinrich-Böll, proche des Verts allemands, et Friends of the Earth appellent les gouvernements européens à cesser de soutenir cette énergie fossile très polluante. Cela augmenterait de facto les coûts de production de cette forme d'énergie et la rendrait moins concurrentielle par rapport aux autres, y compris aux renouvelables.

Rien qu'en Allemagne, le charbon, le lignite et la houille représentent toujours plus de 40 % de la production d'électricité nationale. Dans l'UE, certains pays, Pologne en tête, s'accrochent bec et ongles au charbon.

Cette source d'énergie très émettrice de CO2 est toutefois de plus en plus montrée du doigt en Europe, alors que l'UE veut faire baisser d'ici 2020 de 40 % ses émissions de CO2 par rapport à 1990.

Pour beaucoup, le charbon est le nouvel ennemi à abattre. En juin dernier, le fonds souverain de la Norvège, qui gère près de 800 milliards d'euros (environ 1146 milliards de dollars), a décidé de cesser ses investissements dans le charbon. Cette semaine, à nettement plus petite échelle, la ville allemande de Münster (ouest) a décidé de ne plus investir non plus dans le charbon, en vendant notamment ses actions dans l'énergéticien allemand RWE, a rapporté la presse.