Les émissions de dioxyde de carbone (CO2) de la Chine, premier émetteur mondial de gaz à effet de serre, ont été considérablement surestimées ces dernières années, selon une étude parue mercredi.

L'étude ne remet cependant pas en cause la place de ce pays comme premier émetteur mondial, a précisé à l'AFP Corinne Le Quéré, professeur à l'Université britannique University of East Anglia (UEA).

Les émissions totales de la Chine «en tant que pays sont toujours bien au-dessus de celles du deuxième gros émetteur, les États-Unis», a-t-elle déclaré.

«Pour toute la période 2000 à 2013, nos estimations révisées des émissions cumulées de gaz carbonique par la Chine sont inférieures de 2,9 gigatonnes aux estimations antérieures», écrivent les auteurs de cette étude menée par une équipe internationale et parue dans la revue Nature.

Ce chiffre représente environ un tiers des émissions mondiales annuelles actuelles.

Pour l'année 2013, ils estiment à 2,49 gigatonnes les émissions de CO2 par la Chine dues aux combustibles fossiles et à la production de ciment. Un chiffre «inférieur de 14%» aux estimations faites jusque-là par les Nations unies et d'autres organismes internationaux, précisent les chercheurs.

Les conclusions de l'étude «suggèrent que les émissions de CO2 par la Chine ont été considérablement surestimées ces dernières années», résume l'un de ses auteurs, Dabo Guan, également de l'UEA, dans un communiqué de l'université.

«Près des trois quarts de la hausse des émissions mondiales de CO2 résultant de la combustion d'énergies fossiles et de la production de ciment entre 2010 et 2012 ont eu lieu en Chine», mais les estimations concernant les émissions chinoises «continuent à faire l'objet d'une grande incertitude», relèvent les chercheurs.

Jusqu'à présent la qualité du charbon n'avait pas été suffisamment prise en compte. «La Chine est le plus grand consommateur de charbon du monde, mais elle brûle du charbon de qualité bien inférieure (...) à celui qui est brûlé aux États-Unis et en Europe», souligne M. Guan.

Or «quand vous brûlez du charbon, il contient de l'énergie, associée aux émissions de gaz carbonique. Plus l'énergie est importante, plus les émissions de CO2 sont importantes. Et parce que le charbon avait peu d'énergie, c'est-à-dire était de mauvaise qualité, il a produit des émissions moins importantes», a expliqué Mme Le Quéré à l'AFP.

Selon elle, les conclusions de l'étude résultent aussi du fait que la Chine a amélioré sa collecte de données et leur qualité.

Environ 70% des émissions chinoises de gaz à effet de serre proviennent du charbon.

La publication de cette étude intervient alors que les représentants de 195 pays doivent se réunir à la fin de l'année à Paris pour tenter de parvenir à un accord pour limiter le réchauffement climatique.