La mesure de circulation alternée, suivie sans incident notable lundi à Paris et en proche banlieue, sera levée mardi avec le recul attendu de la pollution, mais sa mise en oeuvre reste la source de vifs débats.

«En raison d'une amélioration de la situation aujourd'hui et demain, la circulation alternée n'est pas reconduite mardi», a annoncé à la mi-journée la ministre de l'Écologie, Ségolène Royal.

Selon Airparif, organisme chargé de la surveillance de la qualité de l'air en région parisienne, le seuil d'information aux particules pouvait être encore dépassé lundi mais la situation devait s'assainir mardi à la faveur du retour de la pluie.

De 5 h 30 à minuit, seules les plaques impaires étaient autorisées à circuler lundi 23, jour impair, dans la capitale et 22 communes limitrophes.

Cette mesure a été «largement respectée», selon la Préfecture de police (PP), qui avait verbalisé à 17 h 30 6214 automobilistes pour diverses infractions à la pollution (circulation alternée, contournement des poids lourds en transit, abaissement des seuils de vitesse...), dont 2663 pour avoir roulé avec une plaque paire.

Lors de la précédente mise en place de la circulation alternée, le 17 mars 2014, plus de 5000 PV avaient été dressés.

La plupart des contrevenants, interceptés par les 750 policiers déployés sur 154 points de contrôle, affirmaient ignorer le dispositif, annoncé samedi. Comme Lionel, qui habite l'Essonne et se rendait à l'hôpital de la Pitié-Salpêtrière pour prendre son poste d'infirmier: «Je n'ai pas écouté les infos. J'ai juste entendu un flash il y a 20 minutes mais j'étais déjà dans ma voiture».

«Le maître mot, c'est ''pédagogie active''. On verbalise les personnes les plus récalcitrantes ou qui se moquent de nous», explique le commandant Jean-Pierre Meutelet, chef de service des compagnies centrales de circulation à la PP. Une mère de famille qui accompagnait sa fille à l'école a elle échappé aux 22 euros d'amende.

«Retard et cafouillages»

Tout le monde n'était pas soumis à ces restrictions. Les véhicules «propres» (électriques, hybrides, au gaz) ou transportant au moins trois «covoitureurs» pouvaient circuler, comme ceux assurant des missions de service public (forces de l'ordre, pompiers...) et certains véhicules professionnels.

Les transports en commun étaient également gratuits, ainsi que la première heure de location d'un Autolib' ou le billet journée pour un Vélib'.

Conséquence directe: «la longueur moyenne des bouchons a été réduite de 25 à 40 % par rapport à la moyenne», selon la PP.

Cette mesure «a à l'évidence contribué à faire diminuer cette crise [...] qui posait un vrai problème de santé publique», s'est félicité le maire de Paris, Anne Hidalgo, sur RTL.

La circulation alternée n'avait jusqu'alors été mise en place que deux fois: en 1997 et 2014.

Cette fois, elle est entrée en vigueur au septième jour d'un épisode de pollution aux particules fines en Ile-de-France.

«Il y a eu un temps trop long de décision», a déploré Anne Hidalgo qui, avec Les Verts, réclamait sa mise en oeuvre dès la fin de semaine. Elle a plaidé pour une instauration «automatique à l'échelle de l'État» dès le deuxième jour d'une alerte pollution.

«Pointant un cas d'école des cafouillages de l'action publique», la chef de file de l'UMP à la région Ile-de-France, Valérie Pécresse, a souhaité que soient confiés «à un acteur unique, en l'occurrence la région, les pleins pouvoirs en matière de pollution».

Critiquée pour avoir tardé à prendre cette décision, Ségolène Royal a expliqué qu'«une décision de restriction des libertés, ça se fait dans le respect de l'État de droit»: «Il ne faut pas confondre vitesse et précipitation».

Elle a reçu le soutien du premier ministre, Manuel Valls, qui a salué un dispositif mis en place «dans de bonnes conditions».