La quantité de plastique qui se retrouve dans les océans est de 10 à 1000 fois plus élevée que prévu, selon une nouvelle étude américaine. Et les principaux consommateurs du plastique, principalement généré pour des emballages, ne sont paradoxalement pas les grands responsables de cet état de fait.

«La population et le niveau de développement économique expliquent la quantité de plastique consommée par un pays», a expliqué l'auteure principale de l'étude, Jenna Jambeck de l'Université de Géorgie, en conférence de presse au congrès annuel de l'AAAS à San Jose, en Californie. «Mais la proportion de ce plastique qui se retrouve dans les océans est principalement liée à l'efficacité des systèmes de gestion des déchets. Comme ils sont très bons dans les pays occidentaux, ils ne sont pas directement responsables de la pollution des océans par le plastique.»

Seulement 2 des 20 pays les plus pollueurs ont des taux de récupération (dans les dépotoirs et le recyclage) inférieurs à 15%. Le Canada est exemplaire à cet égard, avec un taux de plastique mal géré par les dépotoirs et les recycleurs négligeable (0%), de sorte que la masse de plastique se retrouvant dans les océans est de 730 grammes par personne par année (en raison de la pollution directe par des individus, par exemple en laissant une bouteille vide sur une plage). Seule la Belgique, parmi les 192 pays étudiés, a aussi peu pollué les océans avec le plastique. À titre de comparaison, le Français moyen pollue 2 fois plus et l'Américain moyen, 3,5 fois plus que le Canadien moyen.

«Il nous faut maintenant vérifier quelle est la pollution des océans avec le plastique qui est due aux désastres naturels, par exemple les ouragans, et les pêcheries, avec les pertes de filets de bouées, a dit Mme Jambeck. Il est aussi curieux que les effets d'une telle quantité de plastique sur la santé marine n'aient pas sauté aux yeux. Il nous faudra donc mieux comprendre les processus biologiques à l'oeuvre aujourd'hui.»

Une hausse de 620%

La production de plastique a augmenté de 620% depuis 1975. Les rejets de plastique par les navires ont été interdits par des traités internationaux dans les années 90. Jamais la contribution des différents pays à la pollution des océans par le plastique n'avait été estimée, les seules estimations ayant utilisé des données des rejets par les navires civils et militaires.

«La bonne nouvelle, c'est qu'il est relativement facile de réduire les rejets de plastique dans les océans, a avancé Mme Jambeck. Il faut simplement une bonne gestion des déchets. Les rejets directs des individus sont relativement rares quand il y a enlèvement adéquat des bacs de recyclage et des ordures.»

PHOTO SETH BORENSTEIN, AP

C'est l'équivalent de cinq sacs d'épicerie pleins de débris de plastique planté à tous les 30 centimètres sur les côtes du monde entier, soutient l'auteure principale de l'étude, Jenna Jambeck.

Pays ayant les plus grands rejets de plastique dans les océans

1. Chine: 8,8 millions de tonnes par an

2. Indonésie: 3,2 millions de tonnes par an

3. Philippines: 1,9 million de tonnes par an

4. Viêtnam: 1,8 million de tonnes par an

5. Sri Lanka: 1,6 million de tonnes par an

20. États-Unis: 300 000 tonnes par an

110: Canada: 22 000 tonnes par an

Sources: Science, American Association for the Advancement of Science