Le ministère de l'Environnement remettra un avis de non-conformité à la Ville de Longueuil et exigera une enquête sur un écoulement de diesel à l'origine d'un déversement d'hydrocarbures dans le fleuve Saint-Laurent, hier.

La rupture d'une conduite d'alimentation des moteurs d'urgence d'un puits de pompage d'eau brute de la Ville de Longueuil, qui a mené au déversement d'hydrocarbures dans le réseau d'égouts de la ville, n'a pas été signalé assez rapidement au Ministère, a déploré Christian Blanchette, coordonnateur régional d'Urgence-Environnement. Selon lui, il était 9h24 quand le Ministère a finalement été avisé du déversement de 28 000 litres, pourtant survenu plus de cinq heures auparavant, à 4h.

«La loi oblige les municipalités à aviser le Ministère sans délai. Elle prévoit aussi que le responsable d'un déversement le fait cesser et récupère les matières dangereuses», a-t-il souligné. «Ça n'a pas été fait, et les hydrocarbures se sont retrouvés dans le fleuve.»

La situation n'a rien de dramatique pour les résidants de Longueuil, car l'eau contaminée a circulé dans son réseau d'égouts, sans toutefois toucher au réseau d'eau potable, a confirmé la Ville. En revanche, elle complique la tâche des employés des stations de pompage de Verchères, Contrecoeur et Varennes, puisque ces villes ont des points d'eau dans le fleuve.

«Ils devront surveiller [leur alimentation en eau]. Pour l'instant, aucune des usines n'est contaminée», a assuré M. Blanchette. Il reste que 28 000 litres d'hydrocarbures ont fui, une quantité suffisante pour contaminer des centaines de milliers de litres d'eau, selon l'expert. «Comment se fait-il que Longueuil ne remplisse pas ses droits et devoirs? Pourquoi n'a-t-on rien fait pour empêcher les hydrocarbures d'atteindre le fleuve?», a-t-il demandé.

À la Ville de Longueuil, le directeur des communications Bernard Bigras a assuré que le Ministère avait été informé à 8h30, et non pas à 9h24. De 4h à 8h30, les employés longueuillois qui ont constaté que l'eau était trouble se sont efforcés d'en modifier le traitement, a déclaré le porte-parole. «On a fait de la surveillance, et quelques heures plus tard, on a vu que la turbidité [aspect trouble de l'eau] n'était toujours pas normale. C'est à ce moment que nous avons averti le Ministère», a expliqué M. Bigras. La Ville, dont les équipements ne permettent pas de traiter adéquatement les fuites d'hydrocarbures, a mis quelques heures à cerner la source du problème, a-t-il ajouté.