Shell va dédommager à hauteur de 98 millions de dollars une communauté nigériane touchée par deux importantes fuites de pétrole en 2008, selon un accord à l'amiable dévoilé mercredi par l'entreprise et des plaignants.

La filiale au Nigéria du groupe pétrolier anglo-néerlandais va verser au total 55 millions de livres (98 M $), dont 35 millions de livres (63 M $) pour 15 600 personnes et 20 millions (36 M $) au bénéfice de l'ensemble de la communauté Bodo, qui regroupe des villages vivant essentiellement de la pêche.

La pollution avait eu lieu fin 2008 dans la région du delta du Niger, au sud du Nigeria, en raison de deux fuites sur un pipeline, à la suite d'une défaillance dont Shell avait reconnu la responsabilité.

Sous la pression d'ONG comme Amnesty International, Shell avait reconnu en novembre que la fuite avait été plus importante que ce qui avait été estimé initialement.

Mais faute d'accord jusqu'à présent sur le montant des dédommagements, des membres de la communauté Bodo avaient porté plainte contre Shell au Royaume-Uni et l'affaire devait faire l'objet d'un procès cette année.

«Nous avons toujours voulu dédommager la communauté équitablement et nous sommes ravis d'avoir trouvé un accord», a déclaré mercredi Mutiu Sunmonu, directeur général de Shell Petroleum Development Company of Nigeria (SPDC).

«Nous sommes enchantés pour nos clients et heureux de la bonne décision prise par Shell mais je dois dire qu'il est très décevant d'avoir dû attendre six ans pour que Shell prenne cette affaire au sérieux et reconnaisse la vraie nature des dégâts causés par ces fuites sur l'environnement et ceux qui en dépendent pour vivre», a réagi Martyn Day, avocat du cabinet londonien Leigh Day, qui conseillait les plaignants.

Le groupe pétrolier doit par ailleurs entamer le nettoyage de la région sous la supervision d'un ancien ambassadeur des Pays-Bas au Nigeria.

«Sans véritable décision pour mettre fin au fléau du vol de pétrole et au raffinage illégal, qui restent la cause principale de la pollution environnementale et représentent la vraie tragédie du delta du Niger, les zone nettoyées vont tout simplement être de nouveau touchées par ces activités illégales», a toutefois mis en garde Mutiu Sunmonu.