La compagnie gérante de la centrale accidentée de Fukushima a indiqué mardi avoir relancé deux lignes du système de décontamination d'eau ALPS qui avaient été stoppées lundi soir, tandis que des discussions ont avancé avec les pêcheurs pour pomper et rejeter dans l'océan une partie de l'eau souterraine non contaminée.

Les lignes de décontamination A et C d'ALPS ont été remises en marche mardi après-midi un peu après 16h00 locales (3h00, heure de Montréal), a expliqué dans un courriel Tokyo Electric Power (Tepco).

Elles avaient dû être stoppées dans la soirée de lundi à cause de la détection d'une petite fuite d'eau, quelques heures seulement après avoir redémarré à la suite de près d'une semaine d'arrêt.

Au total 8 litres d'eau radioactive ont fui, mais sans quitter le bâtiment où sont installés ces énormes équipements, a assuré la compagnie Tepco.

La ligne B est quant à elle toujours stoppée depuis une semaine. C'est elle qui avait conduit à l'arrêt total du système il y a sept jours en raison d'un dysfonctionnement dû à un problème de filtre.

Qu'il fonctionne ou non, le système ALPS, notoirement instable, ne suffira de toute façon pas à désengorger le complexe atomique où s'accumulent chaque jour des quantités phénoménales de liquide souillé par des substances radioactives.

Le dispositif, qui sert à éliminer une soixantaine de radionucléides, est censé tourner à peu près correctement depuis plusieurs mois, mais dans les faits il ne cesse de rencontrer des problèmes divers.

Cet équipement développé avec le groupe japonais Toshiba est pourtant présenté comme un rouage-clef pour résoudre le problème d'eau contaminée dont regorge la centrale accidentée Fukushima Daiichi, en partie détruite par le tsunami du 11 mars 2011.

Plus de 435 000 mètres cubes d'eau contaminée sont actuellement stockés dans plus d'un millier de gigantesques réservoirs montés à la hâte dans le complexe atomique, et Tepco continue d'en faire installer entre 20 et 40 par mois pour tenter de suivre le rythme du flux continu de liquide radioactif provenant des sous-sols du site et des arrosages permanents des réacteurs ravagés.

Ce problème d'eau est le plus difficile qu'ait actuellement à gérer la compagnie et un de ceux qui inquiètent le plus la communauté internationale en raison des risques de pollution de l'océan Pacifique voisin.

Traitement de l'eau souterraine non contaminée

Mardi, des pêcheurs de Fukushima ont cependant accepté que Tepco pompe une partie de l'eau souterraine qui s'écoule en permanence vers la centrale puis la rejette en mer avant qu'elle ne soit contaminée au contact des installations.

Les pêcheurs regroupés en fédération de coopératives de la préfecture de Fukushima ont posé comme critères d'approbation que l'eau soit saine et que les contrôles soient effectués par un tiers et non par la compagnie gérante Tepco.

Cet accord de principe répond à une proposition présentée par Tepco et les autorités. Le projet consiste à pomper en amont via plusieurs puits l'eau qui descend vers les bâtiments des réacteurs (avant de pénétrer dans les installations où elle est souillée), puis à la stocker temporairement dans un réservoir pour la contrôler avant de la rejeter dans le Pacifique. Le tout doit être respectueux de limites de contamination radioactive que Tepco a acceptées.

Les pêcheurs exigent en outre que les pouvoirs publics fassent plus pour réduire les préjudices causés à leurs activités par la mauvaise réputation de la région à cause de la catastrophe atomique.

Ce désastre a non seulement pollué durablement une partie du territoire, mais aussi forcé à évacuer plus de 150 000 personnes, brisant la vie de nombreux ex-habitants.

Le gouvernement a d'ailleurs indiqué mardi qu'il allait diligenter une enquête sur les suicides possiblement liés à ce drame dans la préfecture de Fukushima où les morts volontaires sont en augmentation.