Les États-Unis ont annoncé vendredi pour la première fois des limites aux émissions de CO2 des futures centrales au gaz et au charbon pour lutter contre le changement climatique, une mesure saluée par les protecteurs de l'environnement, mais décriée par les industriels.

Cette mesure prise dans le cadre de la loi sur la propreté de l'air (Clean Air Act) est «la première étape importante du programme du président Barack Obama» annoncé le 25 juin pour lutter contre le réchauffement, a souligné l'Agence de protection de l'environnement (EPA).

Les centrales au gaz et au charbon sont responsables d'un tiers des émissions de gaz à effet de serre aux États-Unis, mais n'ont jamais été réglementées.

«Le changement climatique est l'un des problèmes de santé publique les plus pressants et épineux de notre époque. En prenant des mesures de bon sens pour limiter la pollution carbonique provenant des nouvelles centrales électriques nous pouvons minimiser les effets du réchauffement et remplir nos obligations d'assurer un environnement sûr et sain à nos enfants», a déclaré l'administratrice de l'EPA, Gina McCarthy.

«Ces nouvelles normes de pollution vont aussi encourager l'innovation dont nous avons besoin pour construire la prochaine génération de centrales électriques, contribuant à développer une économie dépendante d'une énergie plus durable», a-t-elle ajouté.

Aux termes de ces nouvelles propositions, les futures centrales au gaz naturel devront plafonner leurs émissions de dioxyde de carbone à 453 kilos par mégawatt/heure et à 499 kilos par mégawatt/heure pour les plus petites. Un mégawatt/heure équivaut à peu près à l'énergie consommée par 330 maisons américaines pendant une heure.

Quant aux nouvelles centrales au charbon, elles ne pourront pas dépasser 499 kilos par mégawatt/heure avec la possibilité d'opter pour des limites moyennes plus strictes, mais étalées sur plusieurs années.

Actuellement les centrales au charbon les plus modernes produisent environ 800 kilos de CO2 de l'heure, selon la filière.

Ces nouvelles normes, soumises à un processus de consultations publiques de 60 jours avant d'entrer en vigueur, assureront aussi que les futures centrales seront construites avec les dernières technologies d'énergie propre.

Normes pour les centrales existantes

Les propositions de l'EPA s'appuient sur plus de 2,5 millions d'opinions émanant entre autres de l'industrie et des groupes environnementalistes, précise l'agence.

Le président Obama a aussi demandé en juin à l'EPA de proposer de nouvelles normes de pollution carbonique pour les centrales existantes d'ici juin 2014.

Actuellement, une dizaine d'États comme la Californie mettent déjà en oeuvre des programmes basée sur la loi du marché pour réduire les émissions de CO2.

Cette initiative a été unanimement applaudie par les verts et nombre de démocrates aux Congrès.

«Cette proposition va stimuler l'innovation dans les technologies de charbon propre comme la capture et le stockage du CO2 et va permettre de nettoyer notre atmosphère et de faire des États-Unis le leader mondial dans ces technologies», juge le démocrate Henry Waxman, numéro deux de la commission de l'énergie de la Chambre des représentants.

«Cette annonce est un signal fort que le président Obama va user de son autorité pour s'attaquer au changement climatique», s'est félicité Kevin Kennedy du World Resources Institute.

Rachel Cleetus, une économiste de l'Union of Concerned Scientists, relève que «ces normes ouvrent vraiment la voie à une réduction significative des émissions de CO2 des centrales existantes».

Mais selon elle, «l'EPA devra pousser pour des réductions plus fortes en mettant un prix sur le carbone pour atteindre l'objectif du président Obama» de réduire les émissions américaines de gaz à effet de serre de 17 % d'ici 2020 par rapport à leur niveau de 2005.

Nettement moins enthousiaste, la Chambre américaine de Commerce qui représente plus de trois millions d'entreprises estime qu'il s'agit «d'une entrave à la croissance économique et aux créations d'emplois».

Pour cette puissante organisation «cette mesure va décourager la construction de nouvelles centrales au charbon», la plus grande source d'énergie électrique aux États-Unis.

Enfin, pour l'Edison Electric Institute, qui représente l'industrie électrique, «ces nouvelles normes vont probablement affecter les prix de l'énergie pour tous les Américains et la capacité du secteur à accroître ses capacités».