La majeure partie du bisphénol A (BPA) contenu dans les produits que les Canadiens utilisent tous les jours a été détruite ou se trouve dans des dépotoirs, indique une nouvelle étude d'Environnement Canada.

Cette découverte aide à diminuer les inquiétudes voulant que le BPA, qui imite l'oestrogène, demeure dans l'environnement pour de longues périodes, mais des détracteurs soutiennent que cette étude ne devrait pas pousser à réduire les efforts pour éliminer complètement le produit chimique.

«Une importante proportion des BPA qui sont utilisés au Canada sont détruits lors de la durée de vie du produit», indique le rapport commandé à l'entreprise Cheminfo Services pour 44 000 $.

L'étude suggère qu'entre 44 et 68 pour cent des BPA consommés au Canada en 2010 avaient été détruits lors de l'utilisation des produits, telles les couches d'époxy souvent utilisées à l'intérieur des boîtes de conserve.

Entre 24 et 43 pour cent des BPA se sont retrouvés dans des décharges, tandis que moins de 14 pour cent du produit chimique a été renvoyé dans la nature, recyclé, incinéré ou s'est retrouvé dans des boues.

L'examen préliminaire de 12 secteurs économiques canadiens qui utilisent des BPA, complété le 26 mars dernier, a été obtenu par La Presse Canadienne en vertu des dispositions de la Loi sur l'accès à l'information.

Le gouvernement Harper a fait plusieurs gestes pour limiter l'exposition au BPA, interdisant entre autres l'utilisation du produit dans les biberons en plastique en 2008, après que des études eurent démontré que le composé chimique se répandait dans le lait.

À la fin de l'année 2010, la substance a été ajoutée à la liste nationale des produits toxiques. Depuis avril dernier, Environnement Canada a également demandé aux principaux secteurs industriels de préparer un plan visant à réduire la quantité de BPA dispersé dans l'environnement.

L'étude de Cheminfo souligne la nécessité d'effectuer des recherches supplémentaires pour confirmer les conclusions de cette première étude, qui se concentrait sur une série de produits de tous les jours, y compris du liquide de freinage, des pneus et des produits de nettoyage.

Les conclusions de l'étude ont suscité des commentaires positifs d'Environmental Defence, un OSBL torontois qui demande au gouvernement et à l'industrie d'éliminer éventuellement l'usage du BPA de façon intégrale.

Le BPA imite l'oestrogène, et a été lié à une augmentation des risques de cancer du sein, de maladies cardiaques, voire d'obésité, bien qu'il n'existe pas de consensus scientifique sur le niveau réel de toxicité ou des normes sécuritaires.

Céline Tremblay, porte-parole d'Environnement Canada, a indiqué par courriel que le ministère disposait d'un programme pour déterminer si de grandes quantités de BPA présentes dans les dépotoirs s'en échappaient. «Le ministère va continuer à analyser les résultats de ce programme pour déterminer si des actions supplémentaires sont nécessaires.»