Plus de 100 fermiers péruviens ont été rendus malades par la fuite d'un concentré de cuivre contenant de l'arsenic et du plomb dans au moins l'une des plus importantes mines du pays andin, ont indiqué vendredi les autorités.

Le bureau des services de santé de l'État Ancash a annoncé que 140 personnes avaient été traitées pour des «syndromes irritants causés par l'inhalation de toxines» après qu'un pipeline transportant la solution eut éclaté dans leur communauté.

La majorité des personnes touchées participent aux efforts visant à éviter que le liquide n'atteigne une rivière voisine après que le pipeline reliant la mine de cuivre Antamina à la côte se soit fissuré la semaine dernière dans le village de Santa Rosa de Cajacay, a précisé le président de la communauté, Hilario Moran.

Les gens ont utilisé des tissus absorbants offerts par la mine, mais n'ont pas reçu de gants ou de masques protecteurs, a déclaré Antonio Mendoza, le directeur environnemental de la mine. Peu de temps après, des gens sont tombés malades, frappés de maux de tête, de nausées et de saignements de nez.

L'agence de défense civile du Pérou a annoncé le 28 juillet que cinq enfants âgés de moins de 10 ans faisaient partie des personnes atteintes.

M. Moran a indiqué qu'Antamina payait les frais de santé des personnes rendues malades par le déversement. Antamina est un consortium qui regroupe certaines des plus importantes multinationales du secteur minier, soir l'australienne BHP Billiton, la suisse Xstrata, la canadienne TECK Cominco et la japonaise Mitsubishi.

Au dire de M. Mendoza, la substance «n'était pas nécessairement toxique». Selon lui, le concentré de cuivre contient de l'arsenic, du soufre, de la silice et de petites quantités de plomb non précisées. L'arsenic et le plomb sont deux poisons.

L'entreprise a annoncé que 45 tonnes du concentré avaient fui et que seules trois tonnes de la substance n'avaient pas été récupérées.

Le Pérou est le deuxième plus important producteur de cuivre après le Chili et le secteur minier est au centre de son récent boum économique, représentant plus de 60 pour cent des revenus d'exportation.

Les coûts environnementaux ont eu un impact social négatif.

Craignant que les sources d'eau s'amenuisent ou soient contaminées, les résidants de l'État voisin de Cajamarca continuent de résister à un projet de mine d'or de 5 milliards $ qui serait le plus important du pays. L'opposition a provoqué des violences qui ont fait cinq morts chez les civils le mois dernier et poussé le gouvernement péruvien à imposer l'état d'urgence qui a suspendu les libertés civiles dans trois provinces. Cet état d'urgence a été prolongé vendredi pour 30 autres journées.

La protection environnementale est relativement peu importante au Pérou. Le pays n'avait pas de ministre de l'Environnement avant 2008 et le ministre de l'Industrie minière continue de signer les études d'impact environnemental pour des projets miniers.