L'appel d'une association internationale d'épidémiologistes à mettre fin à l'utilisation de l'amiante est une preuve de plus que le Québec exporte le cancer en continuant de soutenir l'industrie, affirme la Société pour vaincre la pollution (SVP).

Hier, le Comité mixte chargé des politiques des sociétés d'épidémiologie a rendu publique sa position sur l'amiante. Ce comité est formé par une douzaine d'associations d'épidémiologistes, dont celle du Canada.

«Un examen rigoureux des données épidémiologiques confirme l'existence d'une relation causale entre l'exposition à tous les types de fibre d'amiante et l'apparition de différentes pathologies entraînant une mort prématurée», affirme le Comité.

«Pourtant, en dépit des preuves scientifiques de la nocivité de l'amiante et des appels lancés par de nombreux organismes qui souhaiteraient son abandon complet - incluant l'Organisation mondiale de la santé, la Fédération mondiale des associations de la santé publique, la Commission internationale de la santé du travail, l'Association internationale de la sécurité sociale, la Confédération syndicale internationale et la Banque mondiale -, l'utilisation de l'amiante est en hausse dans les pays à revenu faible et intermédiaire. Ces pays sont peu sensibilisés aux risques que présente l'amiante pour la santé; de plus, la réglementation en matière de sécurité y est peu contraignante, voire inexistante», écrit le collectif d'associations.

«Ça souligne à plus gros traits encore que le Québec exporte le cancer, dit Anne-Marie Saint-Cerny, de la SVP. Quand la barre de la honte sera-t-elle assez haute?»

«On comprend aussi que le ministre de la Santé, Yves Bolduc, renonce à son titre de médecin et qu'il refuse d'appliquer la loi sur la santé publique qui le force à prendre des mesures pour prévenir des épidémies», ajoute Mme Saint-Cerny.

Par ailleurs, à la lumière des informations publiées dans La Presse sur le projet d'éliminer l'usage de l'amiante en Thaïlande, Mme Saint-Cerny affirme que «les contribuables québécois investissent dans un projet qui n'a pas de logique d'affaires».

Dans le voisinage des usines

La SVP souligne que l'amiante continue de tuer au Québec, plus que toute autre cause dans le milieu du travail. Et que bien des personnes ont potentiellement été exposées hors de leur milieu de travail, par exemple dans le voisinage des usines, comme l'a récemment illustré un dossier de La Presse sur l'usine Atlas Asbestos, à Hochelaga.

«Les gens qui vivent autour des entreprises d'amiante ailleurs dans le monde en meurent, dit Mme Saint-Cerny. C'est d'ailleurs pour ça que la SVP est en train de mettre sur pied une association des victimes de l'amiante pour que ces gens-là soient indemnisés.»

«Il y a d'autres cas comme celui de l'Atlas Asbestos à Hochelaga, dit-elle. Il y a l'ancienne usine Armstrong, il y a eu les fabricants de freins, il y en a eu plein d'autres. Il faut absolument que les gens soient informés.»