Ces Jeux olympiques de 2012 seront «les plus verts jamais organisés», avait claironné le premier ministre britannique Tony Blair après le choix de Londres en 2005. Mais c'est dans plusieurs mois, voire plusieurs années, lorsque la fête sera finie, que l'on saura si la promesse a été tenue.

Plus beau, plus grand, plus «propre»: tous les JO font la même promesse. Mais qu'advient-il ensuite des infrastructures de béton, des kilomètres de routes et des tonnes de déchets?

«Des jeux verts, c'est légèrement contradictoire», ironise John Sauven, directeur-exécutif de Greenpeace au Royaume-Uni. «Vous faites venir pour un week-end ou une quinzaine de jours des masses de gens, qui prennent l'avion en consommant un maximum d'énergie et repartent de la même façon: difficile d'appeler cela du développement durable».

Pour autant, les JO de Londres ne s'en tirent pas si mal, selon lui: «Ces jeux ont l'avantage d'avoir conduit une rénovation massive d'un site industriel très pollué, et de l'intégrer par la suite dans le tissu urbain, à l'inverse de ce qui s'est fait à Athènes, où beaucoup d'installations sont devenues des ruines à l'abandon».

Le Parc olympique, à Londres, a été construit sur une ancienne zone industrielle défavorisée de l'est de la capitale.

«Dès le départ, le développement durable a été pris en compte», souligne David Stubbs, responsable du dossier chez l'organisateur des jeux, Locog.

Ainsi, 2 millions de tonnes de sols pollués ont été nettoyés et réutilisés sur place, afin d'éviter des transports coûteux en énergie.

La construction a privilégié des matériaux au faible contenu en carbone, avec pour objectif de réduire de moitié les émissions de CO2. L'eau de pluie est réutilisée.

S'ils saluent l'effort, Greenpeace et les Amis de la Terre regrettent «des occasions manquées», comme l'abandon d'un projet d'éolienne sur le site, qui a fait chuter de 20 % à 12 % la part d'énergie d'origine renouvelable.

Et surtout, «les commandites ont terni l'image des jeux», souligne John Sauven. British Petroleum (BP), mis en cause pour la marée noire du golfe du Mexique, et Dow Chemical, repreneur d'Union Carbide, responsable de la catastrophe de Bhopal en Inde, se sont attiré les foudres des associations. «Il y a eu une rénovation formidable dans l'East End londonien, mais pas à Bhopal», ironise-t-il.

Au final, le «budget carbone» total pour les Jeux est loin d'être négligeable. «On peut encore améliorer les choses. Ce genre d'événements devrait être neutre en émission de gaz à effet de serre», a cependant estimé Achim Steiner, directeur du Programme des Nations unies pour l'environnement (PNUE), lors d'une visite en avril.

Le principal atout des Jeux de Londres, c'est sans doute que les habitants de quartiers défavorisés vont hériter de transports modernisés, de logements abordables (48 % des 2800 appartements du Village olympique), d'un centre commercial, d'une piscine et d'un parc de la superficie de Hyde Park.

La rivière Lee a été nettoyée et 33 ponts et passages permettent d'aller et venir aux habitants de quartiers qui se tournaient le dos.

«Le parcours de la vallée de la Lee était un endroit sale, et c'est devenu un refuge de biodiversité», souligne Kathryn Firth, de la «London Legacy Development Corporation», l'organisme chargé de gérer l'«après-Jeux».

Ses projets sont ambitieux: rouvrir le parc au public en 2014, construire 8000 logements, trois écoles et neuf crèches, fournir des animations et des emplois.

Et si la reprise économique n'était pas au rendez-vous? «Ca se fera, assure-t-elle, mais plus lentement».