L'ancien président soviétique Mikhaïl Gorbatchev, aujourd'hui reconverti dans la défense de l'environnement, se déclare «très favorable» à la création d'un tribunal international chargé de juger les crimes écologiques, dans un entretien au Monde publié mardi.    

M. Gorbatchev, qui a participé lundi à Marseille dans le sud de la France à l'ouverture du Forum mondial de l'eau, se prononce aussi pour une sortie progressive du nucléaire.

«Je serais personnellement très favorable à la création d'un tribunal international chargé de juger ceux qui sont coupables de crimes écologiques, aussi bien des chefs d'entreprise que des chefs d'État et de gouvernement», indique M. Gorbatchev, fondateur et président de Green Cross International.

En revanche, il se dit «pas opposé mais sceptique» à la proposition française de création d'une organisation mondiale de l'environnement, qui selon lui risquerait d'être une «nouvelle organisation bureaucratique» et de «freiner l'énergie de la société civile».

Le dernier président de l'Union soviétique, qui a eu à gérer la catastrophe nucléaire de Tchernobyl en 1986, prône «une sortie progressive du nucléaire militaire et civil».

«Nous soutenons les pays qui ont opté pour le désarmement et pour la fin du nucléaire civil». Cependant, ajoute-t-il, «nous pouvons comprendre que pour certains pays comme la France qui ont peu d'autres ressources, la transition énergétique prenne plus de temps».

M. Gorbatchev, 81 ans, souligne qu'il y a eu pour lui «un avant et un après Tchernobyl».

«On aurait pu penser que, 35 ans après (Tchernobyl - en fait 25 ans), le Japon, nation évoluée, confrontée au désastre de Fukushima s'en serait mieux sorti. Or les Japonais se débattent toujours aujourd'hui dans les difficultés», relève-t-il.

Quelque 20 000 personnes participent jusqu'au 17 mars à Marseille au 6e Forum mondial de l'eau, avec pour objectif de faire avancer l'accès universel à l'eau potable.