D'un point de vue écologique, un simple cocktail de crevettes devrait être le plat le plus cher d'un restaurant, selon des scientifiques réunis samedi à la réunion annuelle de l'Association américaine pour la promotion de la science (AAAS), à Vancouver.

Un sachet de 450 grammes de crevettes surgelées produit une tonne de dioxyde de carbone: c'est l'une des comparaisons établies par le biologiste J. Boone Kauffman, qui mène des recherches en Indonésie pour l'Université de l'État d'Oregon.

Le biologiste explique que 50 à 60% des élevages de crevettes sont implantés en bord de mer dans les pays asiatiques, souvent dans des secteurs où les mangroves (forêts côtières) ont été rasées. «L'empreinte carbone de crevettes produites sur ce type de terrain est environ dix fois plus importante que la quantité équivalente de boeuf produite en zone de forêt tropicale», sans compter les émissions de gaz à effet de serre de l'élevage, la nourriture, le conditionnement, le stockage et l'expédition des marchandises, martèle J. Boone Kauffman dans un article que l'AFP a pu consulter.

Ces élevages sont peu efficaces: ils ne produisent qu'un kilo de crevettes sur 13,4 m2 de mangrove. Et les propriétaires de ces exploitations abandonnent les bassins d'élevage après 3 à 9 ans de production, souvent à cause des maladies qui s'y développent, de l'acidité et de la contamination du sol, écrit le biologiste. Il faut ensuite entre 35 et 40 ans au terrain pour se régénérer.

Emily Pidgeon, de l'association Conservation International, souligne que la mangrove joue un rôle clé dans la protection des populations contre les tempêtes ou les tsunamis.