La Ville de Montréal veut convaincre les 85 000 ménages de l'agglomération qui disposent toujours d'un foyer ou d'un poêle au bois de choisir une autre solution pour s'armer contre les hivers québécois.

Après avoir interdit l'installation de nouveaux poêles à bois en 2009, Montréal s'attaque ainsi à ceux qui fonctionnent déjà.

Pierre Arcand, ministre québécois de l'Environnement, a promis lundi matin de verser 6 millions $ pour appuyer la Ville dans cette démarche.

Le programme, géré par Équiterre, offrira un incitatif financier aux citoyens souhaitant se débarrasser de leur vieux poêle ou foyer à bois, ainsi qu'à ceux qui veulent le remplacer par un appareil plus efficace.

La compensation pourrait varier entre 300 et 950 $ par appareil, en fonction de la solution envisagée, selon Sidney Ribaux, coordonnateur général d'Équiterre. Des montants plus élevés seront versés à ceux qui souhaitent remplacer leur appareil de chauffage. «Quand on parle de 300 $, ce serait davantage pour un simple retrait», a exposé M. Ribaux.

«La combustion du bois, c'est la première source d'émission de particules fines sur le territoire de la ville de Montréal. Ça devance même le secteur industriel et celui du transport», a fait valoir lundi le ministre Arcand, lors d'un point de presse au Centre des sciences de Montréal.

C'est ce type de pollution qui cause le smog durant la saison hivernale, un phénomène particulièrement éprouvant pour les personnes souffrant d'asthme et d'autres troubles respiratoires.

«Quand on sait qu'un poêle non certifié émet autant de particules fines dans l'atmosphère en neuf heures qu'une automobile en près d'une année, on comprend donc l'importance et le bien-fondé de mettre sur pied un tel programme», a ajouté Pierre Arcand.

«En plus d'émettre des contaminants dans l'air extérieur, ces appareils non certifiés peuvent également altérer la qualité de l'air intérieur des habitations lorsqu'une partie des gaz de combustion s'y réintroduisent.»

M. Ribaux ne s'attend pas à voir beaucoup de ménages abandonner complètement leur foyer ou leur poêle. Les transitions vers les appareils à granules ou au gaz naturel seront plus nombreuses, a-t-il prédit. Ces poêles et foyers coûtent en général quelques milliers de dollars et seraient jusqu'à 10 fois moins polluants, selon M. Ribaux.

Sur l'île, quelque 2500 foyers utilisent le bois comme moyen principal de chauffage. Une bonne partie des autres appareils ont été acquis durant ou juste après la crise du verglas de 1998.

La Ville lutte sans relâche contre le chauffage au bois depuis 2009, mais elle n'interdira pas complètement ces appareils pour le moment, a affirmé Alan DeSousa, en charge des dossiers environnementaux au conseil exécutif de Montréal. Les changements progressifs sont plus efficaces que les interdictions radicales, plaide-t-il, et la Ville a déjà l'un des règlements les plus sévères en Amérique du Nord.

Pierre Arcand et Sidney Ribaux ont refusé lundi de fixer des objectifs chiffrés et datés pour le programme. Le ministre de l'Environnement a toutefois dit espérer voir «des centaines» d'appareils quitter les foyers montréalais au cours des prochaines années.

Le principal défi d'Équiterre sera de combattre l'image de confort et de détente que présentent les foyers et les poêles, a estimé Sidney Ribaux. Certains citoyens croient même qu'il s'agit d'un geste environnemental, croit le coordonnateur général d'Équiterre, parce qu'ils l'associent aux activités de plein-air comme le camping.