Le groupe suisse Syngenta a affirmé vendredi qu'il se défendrait contre toute mise en cause de son insecticide Cruiser OSR dans la mortalité des abeilles, alors qu'en France des apiculteurs et élus ont demandé l'abrogation de l'autorisation de vente.

«Nous allons combattre toute allégation», car «nous sommes convaincus de la qualité du produit et du fait qu'il puisse être utilisé en toute sécurité», a précisé à l'AFP le directeur opérationnel de Syngenta, John Atkin.

«Environ 2 millions d'hectares ont été traités avec le Cruiser ces quatre dernières années. Les données démontrent clairement et sans doute possible que l'usage du Cruiser ne comporte pas de risques pour les populations» d'abeilles, a-t-il insisté, ajoutant que ce produit a fait l'objet d'une surveillance très sévère.

«Nous avons effectué un nombre important de tests, beaucoup plus que nous aurions dû, pour démontrer sa sécurité», selon M. Atkin.

Pour ce dernier, «il serait complètement faux (...) de ne pas faire tout notre possible pour apporter notre soutien à notre technologie».

Pour le responsable de Syngenta, les accusations portées contre le Crusier OSR sont «exagérées (et) fausses».

L'Union nationale de l'apiculture française (Unaf) et une trentaine d'élus ont écrit le 13 juillet au gouvernement pour obtenir l'abrogation immédiate de l'autorisation de vente du Cruiser OSR qu'ils jugent «extrêmement toxique pour les abeilles».

Dans une lettre aux ministres de l'Agriculture, Bruno Le Maire, et de l'Écologie, Nathalie Kosciusko-Morizet, les signataires soulignent que cet «insecticide systémique utilisé en enrobage de semences de colza et véhiculé par la sève jusque dans les fleurs est composé de trois substances actives d'une extrême toxicité pour les abeilles».

Le Cruiser OSR est un produit fongicide et insecticide qui enrobe les semis de colzas. Cet enrobage doit notamment protéger la plante contre les fontes de semis, le mildiou et contre les pucerons.

En juin, des experts avaient indiqué que la mortalité des colonies d'abeilles reste largement inexpliquée malgré toutes les recherches sur la toxicité des pesticides.

Selon l'ONU, la mortalité des abeilles est en progression --jusqu'à 85% dans certaines régions-- et pourrait avoir de graves conséquences sur la production alimentaire puisque la plupart des plantes, cultivées ou non, sont pollinisées par les abeilles.

Le nombre de colonies d'abeilles a ainsi chuté de 10% à 30% ces dernières années en Europe, de 30% aux États-Unis et de plus de 85% au Moyen-Orient, ont précisé les Nations unies dans un rapport.