Le terrain de chasse de prédilection du gouvernement fédéral pour débusquer les gens violant les lois environnementales ne se trouve pas dans la forêt boréale, mais plutôt dans les arrière-salles des nettoyeurs à sec du pays.

Le suivi des violations liées à une substance toxique régulièrement utilisée dans les machines de nettoyage à sec représentent désormais près du quart de toutes les inspections menées par le personnel d'Environnement Canada.

En seulement quelques années, le nombre d'inspections destinées à détecter l'usage de tétrachloroéthène - quelques fois appelé tétrachloroéthylène ou PERC - a plus que doublé.

Environnement Canada estime que l'exposition d'humains à de grandes concentrations de PERC peut causer de nombreux troubles de la santé, dont des irritations de l'oeil, des pertes de mémoire, et même des dommages au foie et aux reins.

L'agence affirme que le PERC se répand principalement dans l'atmosphère, où il peut nuire aux plantes, mais peut également s'infiltrer dans l'eau, mettant en danger les créatures aquatiques.

Entre 2005-2006 et 2008-2009, Environnement Canada a mené plus d'inspections concernant les PERC que pour toute autre question. La substance est toujours légale au pays, mais les utilisateurs doivent respecter des règles et garder les machines de nettoyage en bon état.

«Cette question a suscité notre intérêt depuis quatre ou cinq ans», a déclaré Manon Bombardier, la chef du bureau de mise en application des lois chez Environnement Canada.

«Le taux de non-conformité dans ce domaine est particulièrement élevé en raison du fort taux de roulement des propriétaires de ce genre de commerce», a-t-elle ajouté.

«Ce sont des endroits qui changent très rapidement de main, et apprendre aux nouveaux propriétaires que la réglementation existe et qu'ils doivent s'y conformer prend du temps.»

Les inspections reliées au PERC ont gonflé au cours des dernières années, passant de 446 en 2004-2005 à 1230 en 2007-2008. En 2008-2009, 1032 inspections ont eu lieu, selon les plus récentes données disponibles sur le site Internet ministériel.

«Lorsque nous effectuons des inspections, il arrive quelques fois que la compagnie ne soit pas au courant qu'il existe une réglementation et des standards à respecter. Alors ces entreprises violent souvent la loi», a déclaré Mme Bombardier.

«Certaines de ces violations sont mineures, mais d'autres sont plus importantes.»

Il y a quelques années, la Californie a commencé à interdire cette substance et son utilisation sera totalement prohibée en 2023.

L'Agence de santé publique de Toronto, qui a publié un rapport sur le PERC en 2007, décrit la substance chimique comme «possiblement cancérigène».

L'organisme a recommandé que Toronto élimine graduellement l'usage de la substance dans les commerces de nettoyage à sec, particulièrement dans ceux qui sont installés dans des immeubles d'habitation.

Dans son rapport, l'agence se montre également critique des règles nationales entourant les PERC, qu'elle déplore comme «n'étant pas établies sur les mesures les plus strictes pouvant être prises pour protéger le public contre une exposition à la substance».

L'Agence de santé publique de Toronto veut également qu'Ottawa interdise toute utilisation des PERC dans les entreprises de nettoyage à sec, et ce dès que possible.

De son côté, le président de la Eastern Canadian Laundry and Drycleaners Association salue la hausse des inspections pour s'assurer que l'environnement soit bien protégé.

Nick Mazoli soutient cependant que la substance ne devrait pas être interdite; selon lui, les PERC sont moins problématiques aujourd'hui, puisque les nouvelles machines de nettoyage à sec produisent moins d'émissions et préviennent mieux les fuites.