Une société d'avocats des États-Unis se préparait lundi à poursuivre l'entreprise canadienne propriétaire de l'oléoduc qui a déversé des centaines de milliers de litres de pétrole dans un affluent de la rivière Kalamazoo, au Michigan, tandis que les résidants touchés ont exprimé leurs préoccupations aux responsables gouvernementaux.

L'écoulement de pétrole s'est arrêté et des responsables du gouvernement affirment qu'il est désormais contenu sur une partie de la rivière longue d'environ 40 kilomètres à l'ouest de Marshall. Mais l'agence de protection de l'environnement estime qu'il faudra des semaines pour retirer le pétrole de la rivière, et des mois pour nettoyer les berges et les plaines inondées.

Des responsables d'Enbridge, de l'Agence de protection de l'environnement et d'autres agences gouvernementales ont rencontré, lundi soir, quelque 500 résidants dans le gymnase de l'école secondaire de Marshall.

Gina Sterett, 37 ans, de Marshall, a affirmé que l'odeur du benzène emplissait l'air de son voisinage, le long de la rivière Kalamazoo. Son mari et elle ont envoyé leurs trois enfants chez leurs grands-parents à cause du déversement.

«La moitié des oiseaux que nous voyons sont à moitié, sinon en totalité couverts de pétrole, a-t-elle déclaré à l'Associated Press. Les berges de la rivière sont toutes noires et on voit le pétrole briller dans l'eau. C'est triste. C'est très triste.»

Les résidants devraient continuer de voir de petites plaques de pétrole pendant un certain temps, a déclaré le responsable des incidents à l'agence de protection de l'environnement, Mark Durno. Il a précisé que l'agence serait présente dans la zone pendant plusieurs mois.

Plus tôt lundi, le «Great Lake Law Center», une firme de Detroit, a fait parvenir à Enbridge une déclaration informant l'entreprise de son intention de déposer une poursuite si un règlement n'est pas trouvé dans les 60 jours. La lettre accuse l'entreprise d'avoir violé le «Clean Water Act», la loi fédérale américaine sur la pollution des eaux.

Le directeur général d'Enbridge, Patrick Daniel, a affirmé qu'il devait analyser la lettre et qu'il réservait ses commentaires jusqu'à mardi.

Le centre juridique affirme qu'Enbridge pourrait faire face à des poursuites civiles de plus de 26 millions $ basées sur les estimations de l'agence de protection de l'environnement, selon laquelle le déversement a dépassé un million de gallons. Pour sa part, l'entreprise canadienne estime le déversement à 820 000 gallons.

Au moins 1,8 million de gallons de pétrole et d'eau souillée avaient été récupérés lundi après-midi, selon Mark Durno, de l'agence de protection de l'environnement.

Entre-temps, des responsables de la commission de sécurité des transports ont affirmé qu'Enbridge avait fermé son oléoduc pour y effectuer des travaux d'entretien, le 25 juillet, quelques heures avant que le 9-1-1 ne commence à recevoir des appels au sujet d'odeurs de gaz dans la zone du déversement. Des équipes du service d'incendies ont mené des tests pour détecter une éventuelle fuite de gaz naturel et n'en ont trouvé aucune.

Les responsables précisent qu'un employé de l'entreprise Consumers Energy a découvert du pétrole au sol le matin suivant, le 26 juillet. Enbridge affirme avoir détecté la fuite ce jour-là.

Mais la commission de sécurité des transports indique qu'elle ne peut pas faire de lien entre la fermeture de l'oléoduc et le déversement survenu le lendemain. La commission n'est pas encore parvenue à déterminer la cause de la fuite.