Une fuite de 4000 mètres cubes de pétrole d'un oléoduc reliant la France à l'Allemagne a entraîné vendredi une pollution dans une réserve naturelle du sud de la France, qualifiée par les autorités de «vrai désastre écologique».

«C'est un vrai désastre écologique puisqu'on est sur une réserve naturelle, un site qui abrite des espèces rares», a déclaré la secrétaire d'État à l'écologie, Chantal Jouanno, arrivée sur place en fin d'après-midi.

Elle a précisé que 4 000 mètres cubes de pétrole s'étaient déversés sur deux hectares de la réserve naturelle de Coussouls de Crau.

L'oléoduc, géré par la Société du pipeline sud-européen (SPSE), date de 1971 tandis que la réserve a été créée en 2001.

«Il y a plusieurs oléoducs qui passent sous cette zone protégée. C'est un témoignage de notre histoire. À l'époque, cela n'avait d'importance pour personne. Aujourd'hui, cela a de l'importance et les pipes sont contrôlés très régulièrement», a déclaré Mme Jouanno aux journalistes, tenus à l'écart de la zone polluée.

Selon la société SPSE, une chute de pression due à une fuite a été enregistrée vendredi peu avant 2h00 et des mesures pour couper le pipeline de 90 centimètres et stopper l'écoulement ont été aussitôt prises. Un plan de sécurité et d'intervention a été mis en place et en fin de matinée, le pétrole ne s'écoulait plus, a-t-on ajouté de même source.

Guillaume Paulus, le garde de la réserve qui a découvert la fuite vendredi matin dit avoir vu «un geyser de trois à quatre mètres».

«Il n'y a pas de risque sanitaire. À ce jour, il n'y a aucun problème sur la consommation d'eau», a assuré la secrétaire d'État, selon laquelle le risque de pollution de la nappe phréatique est «extrêmement faible», car elle se situe très en-dessous de la partie polluée, à plus de 10 mètres de profondeur.

Les risques sont «la destruction de l'écosystème et un impact sur certaines espèces spécifiques à la réserve, notamment le criquet de Crau et le Ganga Cata», un oiseau que l'on ne trouve en France que dans la plaine de La Crau, a déclaré à l'AFP un responsable de la réserve, Laurent Tatin.

Selon la SPSE, l'incident n'aura pas de conséquences pour ses clients et les raffineries n'enregistreront «pas de rupture de stock». La société assure notamment l'approvisionnement des raffineries de Reichstett (est de la France) et de Cressier en Suisse (groupe suisse Petroplus) et de Karlsruhe en Allemagne (groupe allemand Miro), sur l'axe Fos-Karlsruhe. Long de 769 kilomètres.

Concernant «l'origine de l'accident, il faudra faire toute la lumière sur cette affaire et en tirer les conclusions. C'est l'exploitant qui est responsable», a déclaré Mme Jouanno.

Une enquête judiciaire a été ouverte et confiée à la gendarmerie pour déterminer l'origine de la rupture de l'oléoduc.

Cette réserve de 7 400 hectares englobe «le delta laissé par la Durance qui a été façonné par les troupeaux pour créer un milieu unique au monde, abritant une faune exceptionnelle et diversifiée héritée des steppes africaines», peut-on lire sur le site de la réserve.