Le projet d'Écolosol, qui veut enfouir des sols contaminés à Mascouche, n'est pas justifié, selon le Conseil des entreprises en services environnementaux (CESE).

«On estime que ce serait une erreur d'augmenter les capacités d'élimination», affirme Pierre Lachance, directeur général du CESE. L'organisme, qui représente une quarantaine d'entreprises du secteur, dont Écolosol, a demandé Line Beauchamp, ministre du Développement durable, de l'Environnement et des Parcs, d'ordonner des audiences publiques sur le sujet. La ministre doit soumettre le projet d'Écolosol au Bureau d'audiences publiques sur l'environnement (BAPE), à moins que les motifs des demandes soient jugés «frivoles».Outre le CESE, quatre autres organismes ont demandé des audiences publiques, selon ce qu'a appris La Presse, à la suite de la séance d'information organisée par le BAPE en mars.

Écolosol exploite déjà une cellule d'enfouissement qui peut accueillir des sols classés B ou C, soit les moins contaminés. Pour ce type d'exploitation, il n'y a pas d'audience devant le BAPE. Ecolosol a le droit d'accueillir 668 000 m3 de terre de classe B et C, sur une hauteur de 14 m.

Mais pour l'enfouissement de sols contaminés au-delà du critère C, l'étape des audiences s'impose.

Écolosol appartient à deux hommes d'affaires, Normand Trudel, proche du maire de Mascouche et important donateur au Parti libéral et au Parti québécois, et Tony Accurso, dont certaines entreprises ont fait l'objet de perquisitions dans une affaire de fraude fiscale.

Selon le CESE, la capacité d'enfouissement est suffisante et il est préférable de traiter les sols contaminés plutôt que de les enfouir.

«On est intrigués par le projet d'Écolosol car on soupçonne que le marché ne demande pas de nouveau site, dit M. Lachance. On estime que ce serait une erreur d'augmenter les capacités d'élimination alors qu'on essaie de mettre sur pied une industrie de traitement des sols. C'est toute la question du développement durable qui se pose ici.»

Écolosol n'a pas rappelé La Presse hier. En mars, une porte-parole avait affirmé que l'entreprise souhaitait «permettre une diversification dans la nature des sols» qu'elle reçoit actuellement, parce que ses clients la lui demandent.

L'entreprise a aussi affirmé que les risques de contamination sont infinitésimaux. La cellule d'enfouissement d'Écolosol comprend deux membranes étanches superposées, avec chacune leur réseau de conduites pour évacuer et traiter l'eau. Le tout repose sur une couche d'argile naturelle de 4 m. Des filtres traitent l'eau extraite de la cellule avant de la rejeter dans la rivière Mascouche.