Une récente décision de la Commission de protection du territoire agricole du Québec (CPTAQ), qui recommande la construction d'une station de pompage à Dunham pour permettre le transport de pétrole bitumineux de l'Alberta jusqu'à Montréal, a suscité une levée de boucliers chez des groupes écologistes.

Ils soutiennent que la décision rendue mardi n'a pas pris en compte les risques de déversement dans la nature, ni les impacts environnementaux du produit pétrolier réputé pour son caractère polluant.

 

La construction d'une station de pompage à Dunham permettrait à la compagnie Pipe-Lines Montréal Ltée d'inverser le flot d'un pipeline reliant le Maine au Québec. Cette initiative est un rouage essentiel du projet controversé Trailbreaker, qui vise à acheminer du pétrole issu des sables bitumineux de l'Ouest canadien vers les États-Unis.

Si ce projet se réalise, près de 240 000 barils de pétrole pourraient être acheminés chaque jour vers les raffineries de l'est de Montréal. Le tiers serait consommé au Québec. Le reste serait ensuite acheminé vers les États-Unis.

«Dunham, c'est la route des vins, pas la route du pétrole», lance Hugo Séguin d'Equiterre. «On ne parle pas uniquement d'une station de pompage, mais d'un choix de société, poursuit-il. Le pétrole bitumineux produit trois fois plus de gaz à effet de serre que du pétrole dit plus propre. Si le gouvernement du Québec autorise la construction de la pompe, les efforts effectués par les Québécois pour réduire leurs émissions de gaz à effet de serre seront annulés.»

Plusieurs citoyens et agriculteurs de la ville de Dunham ont témoigné contre le projet lors des audiences publiques de la CPTAQ qui se sont tenues en janvier. À l'instar de plusieurs résidents, Guy Durand, du Comité environnemental de Dunham, est préoccupé de l'état du pipeline, construit au début des années 40.

«Ils veulent pomper le pétrole au-dessus des monts Sutton, explique-t-il. Pour le faire, ils vont devoir utiliser une pompe très forte qui risque de fragiliser l'ensemble du système. Qui va payer si un accident se produit? La compagnie n'a pas prévu un fonds de compensation pour indemniser la municipalité ou les citoyens en cas d'accident.»

La décision de la CPTAQ n'a pas force de loi. Ce sera au gouvernement du Québec de trancher sur la question. Malgré les demandes répétées de groupes de pression, Québec n'a toujours pas exprimé sa position dans le dossier.