Les États et le Parlement européens sont parvenus à un accord pour interdire l'utilisation d'une vingtaine de substances toxiques pour la fabrication des pesticides, ont annoncé jeudi les négociateurs.

Le compromis doit encore être formellement avalisé par le Parlement lors d'un vote le 17 janvier et par les gouvernements, a précisé l'eurodéputée verte allemande Hiltrud Breyer lors d'une conférence de presse en marge de la session de l'Assemblée à Strasbourg.

«Nous avons fait un grand pas en avant pour la protection de la santé des consommateurs et pour l'environnement», a-t-elle affirmé.

La liste noire compte 8 substances entrant dans la composition des herbicides, 11 autres utilisées pour les fongicides et 3 pour les insecticides. Beaucoup sont produites par les géants de l'industrie chimique allemande Bayer et BASF, comme l'Amitrole, l'Ioxynil, le Tepraloxydim, l'Epoxiconazole, l'Iprodion, le Metconazole, le Tebuconazole et le Thiacloprid.

Ces substances doivent être interdites car elles sont cancérigènes, toxiques pour la reproduction ou ont des effets perturbateurs sur le système endocrinien, a-t-elle précisé.

Les interdictions débuteront à partir de 2009, lors des demandes de renouvellement des autorisations qui ne seront pas accordées, a-t-elle indiqué.

«Il s'agit de 22 substances sur 500, soit moins de 5%», a insisté Mme Breyer. Les industriels du secteur phytosanitaire annonçaient l'interdiction de 40% des substances.

«Nous avons été soumis à de grosses pressions de la part de l'industrie qui a exagéré et créé la panique chez les agriculteurs. C'est une honte. On a abusé d'eux avec des informations erronées», a-t-elle déploré.

«Maintenant, l'industrie a toutes les raisons d'innover pour fabriquer des produits sûrs», a-t-elle insisté.

L'eurodéputée conservatrice luxembourgeoise (PPE) Erna Hennicot-Schoepges a assuré que son groupe «pouvait soutenir ces projets tels quels, mais cela ne se fera pas sans appréhensions, car les positions de certains (élus) sont influencées par les secteurs de l'industrie ou de l'agriculture».

Le compromis ne prévoit aucune disposition immédiate pour protéger les abeilles, mais la Commission devra soumettre une déclaration pour le vote de janvier dans laquelle elle s'engage à des études d'évaluation des substances susceptibles d'être nocives pour les abeilles.

«Les études vont devoir également évaluer quelle est l'influence de ces substances sur les nectars et les pollen», a précisé Mme Hennicot-Schoepges.

«La mortalité des abeilles atteint 30% dans l'Union européenne et met en danger la sécurité alimentaire», a souligné Mme Breyer.

Le compromis des Etats et du Parlement instaure en outre des règles pour l'utilisation des pesticides.

Il interdit les pulvérisations aériennes, répandues dans la sylviculture et la viticulture, en raison des risques d'expansion vers des zones peuplées ou écologiquement sensibles.

Les pesticides seront également interdits dans les parcs, les jardins publics, les terrains de sports, les cours de récréation et les terrains de jeux.