Ce sont les Ontariens, et non pas leur gouvernement progressiste-conservateur nouvellement élu, qui recevront les recettes de la tarification du carbone imposée à la province par le gouvernement fédéral, a déclaré jeudi Justin Trudeau.

Le premier ministre fédéral a fait ces commentaires quelques instants après avoir rencontré le premier ministre de l'Ontario, Doug Ford, qui avait annoncé dès mardi la fin du système provincial de plafonnement et d'échanges de droits d'émissions de gaz à effet de serre, même si Ottawa exige de toutes les provinces qu'elles mettent en place un régime de tarification du carbone.

Le gouvernement fédéral a prévenu qu'il prendrait le relais si certaines provinces n'ont pas fourni les détails de leur plan de tarification du carbone d'ici le 1er septembre. Mais Ottawa a aussi laissé entendre qu'il pourrait retourner directement aux contribuables, et non aux gouvernements récalcitrants, les centaines de millions de dollars de recettes tirées de la tarification du carbone.

M. Trudeau a affirmé jeudi que ce serait «toujours mieux, évidemment», de travailler en partenariat avec les provinces. Mais il a rappelé que si les provinces ne veulent pas faire partie de la stratégie nationale, le gouvernement fédéral ira de l'avant avec son propre régime de tarification du carbone, et retournera l'argent directement aux citoyens.

Une porte-parole de la ministre fédérale de l'Environnement, Catherine McKenna, déclarait mercredi qu'Ottawa réexaminait les 420 millions destinés à l'Ontario dans le cadre du Fonds du leadership pour une économie à faibles émissions de carbone. Le financement fédéral était conditionnel à ce que l'Ontario accepte le cadre du fonds, qui comprend justement un régime de tarification du carbone.

M. Trudeau a semblé aller un peu plus loin, jeudi, en évoquant la conversation qu'il a eue avec M. Ford lors de leur première rencontre à l'Assemblée législative de l'Ontario. «Le premier ministre et moi-même avons parlé directement du fait que nous avons des mandats très clairs des gens qui nous ont élus», a-t-il expliqué. «Le mandat clair sur lequel j'ai été élu était de mettre en place un plan national de lutte contre les changements climatiques, et c'est exactement ce que je vais faire.

«Si la province de l'Ontario décide de se retirer de notre plan sur la tarification du carbone, nous allons tout simplement continuer avec notre programme», a-t-il promis.

Le porte-parole de M. Ford, Simon Jefferies, a déclaré que le premier ministre de l'Ontario tenait sa promesse électorale du printemps. «Le premier ministre Doug Ford et les progressistes-conservateurs de l'Ontario ont reçu un mandat clair de la part de la population ontarienne: abolir la taxe sur le carbone et mettre plus d'argent dans les poches des familles ontariennes», a-t-il expliqué.

«Le premier ministre Ford et le gouvernement de l'Ontario contesteront devant les tribunaux tout effort du gouvernement fédéral pour imposer une taxe sur le carbone à la population de l'Ontario.»

Une semaine après avoir obtenu une importante majorité lors des élections du 7 juin, M. Ford a déclaré que les conservateurs établiraient des règles claires pour une «liquidation ordonnée» du marché du carbone, instauré par le gouvernement libéral de Kathleen Wynne, et qu'ils en aviseraient le Québec et la Californie, ses partenaires dans la «bourse du carbone».

Au cours de la campagne électorale, l'équipe de M. Ford avait estimé que la contestation devant les tribunaux coûterait 30 millions sur quatre ans aux contribuables ontariens.