Alors que la ville de Montréal nage en plein «flushgate», une partie des autobus de Stockholm roule grâce aux eaux usées de la ville, fermentées dans une usine inaugurée en 1941, pour produire du biogaz, utilisé comme carburant.

De l'extérieur, on aperçoit une cheminée, qui dépasse d'une colline. Creusés dans la roche, les 20 kilomètres de galeries de l'usine d'Henriksdal, vastes tunnels dans lesquels sont installés bassins et réservoirs, permettent de produire l'énergie d'une partie des bus de la capitale suédoise.

Pendant 15 à 20 jours, les eaux usées de la ville, mais aussi les graisses des restaurants, vont être triées et versées dans des bassins pour pouvoir fermenter, être transformées en biogaz - ou biométhane - ensuite injecté dans les réservoirs des autobus.

Plus de 850 000 m3 y sont ainsi recyclés chaque année, initialement pour fournir notamment du chauffage. «La priorité a été donnée aux autobus à la fin des années 1990», détaille Andreas Carlsson, ingénieur dans cette usine.

«À Stockholm, ce sont les déchets de la ville qui produisent le gaz pour alimenter les bus», commente Jean-Pierre Farandou, le patron de Keolis, l'opérateur français chargé de l'exploitation d'une partie des bus de Stockholm. Quelque 36 % de leur flotte dans cette ville roule au biogaz.

«C'est un gros investissement, une usine de méthanisation. Sans compter les [tuyaux] éventuels. Il y a des infrastructures à construire, on est en retard en France», ajoute-t-il.

«Le gaz est une énergie fossile. Il émet du carbone, mais moins que les autres. On peut facilement passer au biogaz, car c'est le même moteur» pour le véhicule, explique Anne-Blandine Dassencourt, directrice adjointe environnement de Keolis.