L'environnement se porterait mieux si le Québec cessait d'envoyer du verre recyclé au dépotoir. C'est la conclusion, prévisible et sans appel, d'une vaste étude sur le verre recyclé commandée par Recyc-Québec et dévoilée hier.

L'étude va alimenter le débat sur l'imposition possible d'une consigne sur les bouteilles de vins et spiritueux.

Le système de recyclage du verre au Québec est dysfonctionnel depuis la fermeture en 2013 d'une usine de conditionnement à Longueuil.

Avec la collecte du verre dans le bac de récupération, le verre recyclé québécois est inutilisable dans la fabrication de bouteilles parce qu'il est contaminé par d'autres matières.

Actuellement, la plus grande part du verre québécois se retrouve au dépotoir, soit comme matériau de recouvrement, soit comme fondation pour les chemins, soit carrément parmi les ordures.

Et c'est la pire des solutions, conclut l'étude de la firme Quantis.

«Globalement, il est préférable du point de vue environnemental de recycler et de valoriser le verre récupéré plutôt que de l'enfouir ou de l'utiliser en LET [lieu d'enfouissement technique]», résume-t-on.

Détail crucial: la réutilisation du verre dans la fabrication de bouteilles ou de bocaux garde son avantage même si la matière est transportée sur une longue distance (2000 km).

Il y a donc plusieurs usines de verre dans l'est du continent qui pourraient avantageusement utiliser le verre recyclé québécois, s'il était de qualité suffisante.

La micronisation

Cela va à l'encontre du discours de la Société des alcools du Québec (SAQ), qui martèle que la priorité est de trouver des «débouchés locaux» pour le verre.

La SAQ fait partie de l'alliance «Partenaires de bacs+» avec les grands détaillants en alimentation et les embouteilleurs. Ils s'opposent à l'imposition d'une consigne sur les contenants en verre au Québec.

Ils appuient la «micronisation» du verre, soit sa transformation en fine poudre afin de l'incorporer dans le béton. Cela permet d'éviter des émissions de gaz à effet de serre (GES) et peut améliorer les propriétés du béton.

En théorie, l'étude conclut que la micronisation est le meilleur choix du point de vue de l'environnement.

«Cela confirme que nous avons fait le bon choix en investissant depuis plus de 10 ans dans la recherche et développement de débouchés pour le verre», a indiqué à La Presse Renaud Dugas, responsable des relations de presse à la société d'État.

Cependant, le verre «micronisé» n'a pas encore percé sur le marché. Cette technologie a été conçue avec le financement de la SAQ par la Chaire sur la valorisation du verre dans les matériaux de l'Université de Sherbrooke, que dirige le professeur Arezki Tagnit-Hamou.

«On a fait toute une série d'essais sur les trottoirs de la Ville de Montréal, dit-il. Cela montre d'excellentes performances, du point de vue de la résistance en compression, à l'écaillage, et ça augmente de beaucoup l'imperméabilité du béton.»

La technologie est utilisée sous licence par la société Tricentris, de Terrebonne. Cependant, son usine aura une capacité maximale de 30 000 tonnes par an, ce qui représente seulement le quart de tout le verre de la collecte sélective.