Équiper sa maison d'ampoules à incandescence est-il un droit fondamental? Oui, assurent les républicains aux États-Unis, où une loi provoque un débat sur la liberté d'éclairer --et un début de panique chez certains consommateurs qui se constituent des stocks.

Le Congrès a voté en 2007 une loi, signée par le président George W. Bush, obligeant les fabricants à réduire de 30% la consommation d'énergie des ampoules à incandescence de 100 watts: à partir du 1er janvier 2012, elles devront consommer 72 watts ou moins.

Les ampoules classiques de 100 watts ne seront pas interdites, contrairement à d'autres pays, dont la France depuis 2009, mais elles devront consommer moins.

Mais une rumeur persistante, relayée par des médias conservateurs et plusieurs élus républicains, prétend que les consommateurs seront obligés d'acheter des ampoules fluocompactes, dites à basse consommation (LBC). Elles consomment quatre à cinq fois moins d'énergie et durent six à 10 fois plus longtemps, mais coûtent aussi beaucoup plus cher que les bonnes vieilles incandescentes.

La crainte illustre le débat, alimenté par le «tea party» --mouvement politique protestataire qui critique l'État fédéral et ses impôts--, mais repris à son compte par le Parti républicain, sur le rôle de l'État.

«L'État n'a aucun droit d'obliger les gens à acheter un certain type d'ampoules», claironne l'ultra conservatrice Michele Bachmann, candidate à l'investiture républicaine pour la Maison Blanche.

«La présidente Bachmann laissera chacun acheter l'ampoule de son choix aux États-Unis d'Amérique», a-t-elle lancé très sérieusement devant des militants en juin. Pour prouver sa détermination, l'élue a déposé un projet de loi d'abrogation du texte de 2007, intitulé «loi sur la liberté de choix des ampoules».

«Washington prend trop de décisions à la place des gens», estime le représentant républicain Joe Barton.

Les ampoules LBC contiennent en outre du mercure et ne sont pas compatibles avec les variateurs d'intensité, rappellent les nostalgiques des ampoules classiques.

Un sondage, réalisé fin 2010 par le fabricant d'ampoules Osram Sylvania, montre une opinion divisée sur l'élimination progressive des ampoules à incandescence: un tiers l'approuve, un tiers la désapprouve et le dernier tiers n'a pas d'opinion.

Certains consommateurs inquiets ont commencé à constituer des stocks d'ampoules en prévision d'un avenir sombre.

«Les consommateurs doivent savoir qu'il y aura toujours des ampoules à incandescence, ce n'est pas la peine de faire des stocks», s'époumone le vice-président de l'Association des fabricants de matériel électrique, Kyle Pitsor. Les fabricants devraient commercialiser prochainement des ampoules à incandescence qui répondront à la nouvelle norme de moindre consommation, ce qui fera économiser de l'argent aux ménages, promet-il.

Certains États ont entrepris de créer des exceptions à la loi fédérale, comme le Texas, où le gouverneur Rick Perry, possible candidat à la Maison Blanche, a promulgué une loi exemptant son État tant que des usines fabriqueront des ampoules classiques localement.

Mais ces initiatives ne devraient pas arrêter la marche de l'histoire vers les ampoules fluocompactes, halogènes ou à diodes électroluminescentes (D.E.L.), selon l'ALA, l'association des fabricants d'ampoules.

«Les fabricants sont déjà passés à l'étape suivante», concède un porte-parole de l'association, Larry Lauk.