Les villes canadiennes passent au vert. Vancouver a fait voeu de devenir la ville la plus écologique au monde d'ici 2020. De nouvelles copropriétés sont construites à Toronto sans espace de stationnement. Et Regina a pris la voie des rues à sens unique pour améliorer le transport en commun dans son centre-ville revitalisé.

Dans l'arrondissement à la mode du Plateau Mont-Royal, à Montréal, le maire Luc Ferrandez multiplie quant à lui les efforts pour transplanter un peu plus de campagne en ville.

À l'occasion d'une récente entrevue, M. Ferrandez a indiqué avoir identifié une vingtaine de rues «qui ne sont pas utiles, qui peuvent être éliminées et transformées en espaces verts».

Les préoccupations au sujet de l'environnement dominent les sondages d'opinion depuis les cinq à 10 dernières années, selon Pascoal Gomes, conseiller en communication au Centre d'écologie urbaine de Montréal.

Mais de plus en plus de gens - et de villes - ont décidé d'agir.

«Je crois que les gens s'éveillent au fait que si tout se passe encore bien pour eux, ce ne sera pas nécessairement le cas pour leurs enfants et petits-enfants», a affirmé Beate Bowron, conseillère au sein de l'Institut canadien des urbanistes.

Plusieurs mesures flottent dans l'air. L'apaisement de la circulation routière - le détournement des véhicules vers les artères principales et loin des quartiers - en est une. Le rétrécissement des rues pour décourager les automobilistes en est une autre. Tout comme la plantation d'arbres.

«Les gens ont finalement commencé à voir les rues comme quelque chose de plus que la circulation en mouvement», a indiqué Mme Bowron.

Et pas seulement la circulation de véhicules. Celle également des piétons et des cyclistes.

«Tout le monde pense aux rues comme étant à utilisateurs multiples», a dit Mme Bowron.

«Les plus petites rues ont un immense rôle à jouer dans un quartier, pas nécessairement comme voies de passage, mais comme un endroit où les gens se rencontrent et où vous pouvez pousser votre landau de bébé ou apprendre à votre enfant à faire de la bicyclette», a-t-elle ajouté.

L'augmentation de la circulation automobile sur le Plateau Mont-Royal est quelque chose qui fait sourciller M. Ferrandez depuis un bon moment.

Lorsqu'il a pris le pouvoir dans l'arrondissement, à la tête de son équipe de Projet Montréal, il a promis de faire quelque chose à ce sujet.

Sa croisade pour l'environnement lui a néanmoins valu des critiques - notamment de la part des commerçants, qui craignent que la transformation des rues privera leurs clients d'espaces de stationnement, ou encore en provenance des résidants, qui devront marcher davantage entre leur voiture et leur destination.

«Le stationnement est une question très sensible», a reconnu M. Ferrandez, un fervent cycliste à qui il arrive de louer une voiture, l'hiver, pour aller faire du ski de fond.

Il croit cependant que la fin justifie les moyens.

«Ce que nous tentons de donner à la ville est une qualité de vie qui n'est pas seulement égale à celle des banlieues, mais supérieure.»

M. Ferrandez souhaite éliminer les principales raisons qui poussent certaines personnes à s'installer en banlieue: la ville est trop bruyante, elle n'est pas sûre et elle n'est pas suffisamment écologique.