Après l'accord a minima de Copenhague, l'incertitude reste entière aux Etats-Unis quant au vote en 2010 d'une loi sur le climat dans un contexte d'élections législatives et de difficultés économiques, s'accordent à dire des experts et diverses parties prenantes.

Le plus ardu sera de parvenir à un compromis sur la création d'un marché national d'émissions de gaz à effet de serre (GES), dit «cap and trade», pénalisant charbon et hydrocarbures pour favoriser le développement des énergies propres, soulignent-ils.

Un tel système est considéré par une majorité de démocrates et les groupes de défense de l'environnement comme la pierre angulaire d'une législation pour combattre ces émissions et espérer pouvoir conclure fin 2010 un accord international légalement contraignant pour les réduire.

«Cela sera très difficile et prendra du temps», avait jugé à Copenhague le président Barack Obama.

L'émissaire américain sur le climat, Todd Stern, a souligné jeudi devant des investisseurs à New York que «la Maison-Blanche déploierait un effort important pour obtenir une loi musclée et étendue sur le climat», assurant que M. Obama «comprend bien l'importance d'un programme solide» pour combattre des émissions de GES.

Il a proposé à Copenhague une réduction de 17% d'ici 2020 des émissions américaines au-dessous de leur niveau de 1990, une proposition dépendant toutefois de ce que le Congrès décidera.

«L'environnement politique et économique est très difficile actuellement et rend totalement imprévisible» l'adoption d'une loi sur le climat, estime Michael Levi, expert au Council on Foreign Relations, un institut de recherche de New York, qui relève que 50% de l'énergie provient du charbon aux Etats-Unis.

L'économie connaît un chômage élevé (10%), relève-t-il. En outre, les débats sur la réforme de l'assurance maladie ont créé un atmosphère tendue et les élections de mi-mandat en novembre pourraient voir les démocrates, aujourd'hui majoritaires au Congrès, subir des pertes importantes au profit des républicains.

«Les Américain s'intéressent davantage à la réforme de la santé et au problème du déficit budgétaire» qu'au climat, affirme à l'AFP Frank Maisano, lobbyiste de la firme Bracewell and Guiliani, qui représente les intérêts des industriels de l'énergie.

Une autre partie du problème vient du fait que «toute loi sur le climat se traduira par une hausse des coûts de l'énergie», relève-t-il, ajoutant que les responsables politiques «ne peuvent pas dire dans une année électorale qu'ils vont augmenter les factures d'électricité».

«Le Congrès, le gouvernement et les Etats doivent réaliser que notre faible économie ne supporterait pas toutes ces nouvelles taxes et réglementations envisagées (sur le climat) qui provoqueraient une nouvelle récession», a lancé le 12 janvier Tom Donohue, président de la Chambre américaine de commerce, la puissante fédération patronale.

Il a notamment exprimé la forte opposition des entreprises à la possibilité d'une réglementation des GES par l'agence de protection de l'environnement (EPA).

«Nous pensons qu'un compromis est possible, mais difficile, autour d'un projet de loi sur lequel travaillent les sénateurs John Kerry (démocrate), Joe Lieberman (indépendant) et Lindsey Graham (républicain)», explique à l'AFP Steve Eule, chargé du dossier climat à la Chambre de Commerce.

Ces sénateurs proposent un recours plus étendu à l'énergie nucléaire, à l'exploration pétrolière off-shore et aux nouvelles technologies, peut-être sans un marché d'émissions de GES.

Mais, ajoute Steve Eule, «de nombreux démocrates n'accepteront pas une loi climat sans un tel marché» que quasiment tous les républicains et certains démocrates rejettent.