Les représentants de 180 pays se sont retrouvés lundi à Bonn, en Allemagne, pour quatre jours de discussions destinées à préparer le traité post-Kyoto sur la lutte contre le réchauffement climatique, qui doit être adopté en décembre prochain à Copenhague.

Les délégués planchent sur un épais avant-projet de 200 pages, mais les pourparlers piétinent depuis de longs mois, chacun campant sur ses positions: les pays en développement exigent plus des principaux pays pollueurs et ces derniers jugent que chaque nation doit partager le fardeau. Le protocole de Kyoto, signé en 1997, fixait des objectifs de réduction des gaz à effet de serre d'ici à 2012. Mais le cahier des charges ne concernait alors que 37 pays riches.

Le nouveau traité mondial sur le climat -et surtout son programme de réduction de émissions d'ici 2020- doit être adopté lors d'une conférence plénière sous égide de l'ONU à Copenhague en décembre. L'accord devrait inclure des aides pour les pays pauvres, afin de leur permettre de s'adapter aux changements nécessaires pour réduire leurs émissions sans obérer leur émergence économique.

Lundi, la Nouvelle-Zélande est devenue le dernier pays en date à annoncer ses objectifs pour 2020: elle s'est engagée à réduire ses émissions de gaz à effet de serre de 10 à 20% par rapport aux niveaux de 1990.

Un niveau bien trop faible par le Fonds mondial pour la nature (WWF): l'organisation écologiste a jugé que Wellington avait cédé au lobby industriel et à sa «vision apocalyptique d'une économie néo-zélandaise à genoux» si elle tentait de limiter encore plus les énergies fossiles.

«Les pays industrialisés échouent dans leurs objectifs et doivent se remettre à l'ouvrage», a estimé Kim Carstensen, directeur de l'Initiative globale pour le climat du WWF.

La conférence de Bonn est la dernière d'une série de six réunions cette année, sans compter plusieurs sommets entre principaux pays émetteurs, au sein du G8 et du «Forum des principales économies» (G-8 plus G-5 -Inde, Chine, Afrique du sud, Brésil, Mexique- plus l'Indonésie, l'Australie et la Corée du Sud).

Cette nouvelle rencontre, informelle, se passera davantage en petits comités et sessions privées qu'en grandes réunions plénières.

La semaine dernière, la Corée du Sud a annoncé son intention de se fixer des objectifs de réduction: c'est la première fois qu'un pays en dehors des 37 de Kyoto se fixe des objectifs nationaux, dont la teneur exacte doit être précisée plus tard dans l'année. Même si cet objectif est modeste, il aura en tout cas valeur d'exemple, car concernant une économie en croissance rapide.

Selon les scientifiques du GIEC (Groupe intergouvernemental d'experts sur l'évolution du climat de l'ONU), les pays les plus avancés devraient réduire leurs émissions de gaz à effet de serre de 25 à 40% par rapport aux niveaux de 1990 pour avoir au moins l'espoir d'empêcher que le réchauffement de la planète dépasse les deux degrés Celsius.

Seule l'Union européenne a présenté des engagements approchant des limites conseillées par les experts du GIEC dans leur rapport fondateur il y a deux ans, avec un objectif de 20%.

Les États-Unis, mauvais élève du réchauffement climatique sous l'ère Bush, avaient boudé Kyoto car ce traité exemptait des pays fortement pollueurs comme l'Inde ou la Chine. Cette année, le nouveau gouvernement Obama s'est engagé à prendre le leadership des négociations climatiques. Un projet de loi, qui a déjà passé une première étape de la navette législative, envisage une réduction de 17% des émissions par rapport aux niveaux de 2005 (environ 4% sous ceux de 1990).