La terre contaminée entreposée par le gouvernement du Québec sur les terrains appartenant à la société Écolosol à Mascouche devra être traitée avant son enfouissement. Et ce, même si l'entreprise obtient le droit d'enfouir de la terre encore plus contaminée que ce qui lui est permis actuellement.

«On va tenter autant que possible de faire traiter cette terre avant de la remiser», a indiqué à La Presse Pierre Robert, directeur régional du ministère du Développement durable, de l'Environnement et des Parcs (MDDEP) pour Montréal, Laval, les Laurentides et Lanaudière. Le Ministère envisage un traitement chimique ou par biodégradation. Écolosol demande de changer la vocation de son lieu d'enfouissement en exploitation depuis 2006. Ce changement est soumis au Bureau d'audiences publiques sur l'environnement (BAPE), qui tiendra une séance d'information à ce sujet le 7 avril.

 

Actuellement, Écolosol peut recevoir de la terre répondant au critère C du MDDEP. Cette terre faiblement contaminée peut être utilisée dans des secteurs industriels ou commerciaux, mais est interdite dans des secteurs résidentiels. Écolosol veut pouvoir recevoir de la terre trop contaminée pour respecter le critère C. Cependant, contrairement à ce qu'affirmait mardi le communiqué du BAPE, lui-même fondé sur un passage erroné de l'étude d'impact du projet soumise par Écolosol, il n'y aura pas de nouvelle cellule d'enfouissement sur les terrains d'Écolosol. «Notre demande n'a pas pour effet d'ajouter des infrastructures ni d'augmenter la capacité totale du site déjà autorisée par le ministère, affirme la directrice générale d'Écolosol, Marie-Julie Archambault. Nous voulons plutôt permettre une diversification dans la nature des sols que nous recevons actuellement, parce que nos clients nous la demandent.»

Le projet a l'appui du maire de Mascouche, Richard Marcotte, parce qu'il pourrait régler un lourd héritage des années 60 et 70, quand le terrain servait de dépotoir aux déchets de raffineries et comportait un incinérateur. Il reste 150 000 m3 de terre contaminée de cette époque, qui est sous la responsabilité du gouvernement du Québec. Si Écolosol obtient son nouveau permis, à la suite d'un appel d'offres, elle pourrait les enfouir. Le projet inquiète Serge Hamelin, candidat à la mairie de Mascouche et chef du parti de l'opposition. «C'est une demande pour l'enfouissement de produits plus dangereux et pour en ajouter encore plus d'ailleurs, dit-il. Le maire Marcotte fait des annonces à la radio pour dire que Mascouche est une ville verte et en même temps il est d'accord avec un projet qui va amener des déchets encore plus dangereux sur le territoire. Je fais confiance au ministère de l'Environnement pour faire le suivi, mais s'il y a un risque, ne serait-ce que de 1%, il faut s'y opposer.»