L'Union européenne a estimé mercredi à 175 milliards d'euros par an à partir de 2020 les investissements nécessaires pour lutter contre le réchauffement du climat dans le monde, mettant la pression sur les États-Unis de Barack Obama et les pays émergents comme la Chine.

«Nous soumettons un paquet financier crédible, car sans propositions financières, il n'y aura pas d'accord à Copenhague» en décembre 2009, lors des négociations internationales organisées par l'ONU pour réduire les émissions de gaz à effet de serre après 2012, a expliqué le commissaire européen à l'Environnement Stavros Dimas.

«Sans argent, pas d'accord», a-t-il martelé en présentant des propositions que Bruxelles veut soumettre aux pays de l'UE lors d'un sommet en mars.

La Commission n'a fourni aucun chiffrage des contributions, et toutes les indications figurant dans un premier document de travail dont l'AFP avait obtenu copie ont disparu de la proposition finale, notamment une contribution de 30 milliards d'euros de l'UE pour les pays en développement.

Interpellé sur la disparition de cette dernière proposition, M. Dimas a expliqué: «ce pourrait être ce chiffre, mais il devra être négocié».

«La réduction des émissions de CO2 pourrait nécessiter des investissements supplémentaires nets à l'échelle mondiale avoisinant 175 milliards d'euros par an d'ici 2020 et plus de la moitié de cette somme --95 milliards d'euros-- devra être investie dans les pays en développement», indique seulement Commission.

Les émissions mondiales de CO2 et des autres gaz à effet de serre doivent atteindre leur maximum en 2020, et ensuite être réduites pour ne pas dépasser le seuil de 2 degré celsius pour le réchauffement de la planète, précise-t-elle.

L'UE s'est engagée à réduire ses émissions de 20% par rapport à leurs niveaux de 1990 et de 30% en cas d'accord international.

«Des financements publics seront nécessaires et deux options sont envisageables: une contribution de chaque pays en fonction de son PIB et de ses émissions de gaz à effet de serre; et un montant tiré des recettes de la vente des droits d'émission», a indiqué M. Dimas.

Une délégation de la Commission est partie ce mercredi pour Washington, pour une première série de consultations avec l'équipe du président Barack Obama, a-t-il annoncé.

Ces propositions seront également discutées avec le Premier ministre chinois Wen Jiabao lors de ses entretiens vendredi avec le président de la Commission José Manuel Barroso à Bruxelles.

«Les Chinois ont un plan national quinquennal pour lutter contre le changement climatique et la pollution atmosphérique, et nous le considérons comme une base pour les négociations», a souligné M. Dimas.

La Chine et les Etats-Unis sont les deux plus grands pollueurs de la planète avec respectivement 5,8 et 5,1 milliards de tonnes de CO2 rejetés dans l'atmosphère en 2005, selon les données de l'Agence internationale de l'Energie (AIE).

Les organisations de défense de l'environnement --Greenpeace, le WWF, Friends of Earth et Oxfam-- ont déploré mercredi l'absence d'engagements financiers chiffrés.

La Commission européenne proposait initialement un mécanisme permettant aux principaux pays développés de «générer environ 13 milliards d'euros en 2013 et 28 milliards en 2020» pour financer les investissements nécessaires à la lutte contre le réchauffement.