Le changement climatique est la bombe à retardement de la Maison-Blanche. Barack Obama hérite d'un dossier que ses prédécesseurs Bill Clinton et George W. Bush pouvaient ignorer ou laisser traîner, alors que le nouveau président des États-Unis va devoir s'y atteler dans l'urgence, en surmontant des obstacles tant politiques qu'économiques.

«L'heure n'est plus aux atermoiements. L'heure n'est plus au déni», a asséné Barack Obama la semaine dernière après une réunion avec l'ancien vice-président Al Gore, lauréat du prix Nobel de la paix pour son militantisme contre le réchauffement de la planète. «Nous croyons tous ce que les scientifiques nous disent depuis des années maintenant, qu'il y a urgence, que c'est une question de sécurité nationale, et qu'on doit s'en occuper de façon sérieuse».

Le président-élu, qui prendra ses fonctions le 20 janvier, entend changer la politique énergétique des États-Unis, deuxième émetteur mondial de gaz à effet de serre (GES) après la Chine, dans le cadre plus large d'une relance de l'économie nationale. Il y voit une chance de «rendre son énergie à l'Amérique» -»to repower America», en version originale.

«Nous devons opérer des changements substantiels dès janvier. L'année qui vient représente la chance la plus importante que le monde ait jamais eue de faire avancer un véritable règlement de la crise climatique», estimait Al Gore récemment dans un entretien à l'Associated Press.

Barack Obama arrive au pouvoir après des années d'inaction américaine contre le changement climatique, après deux mandats aussi d'un président républicain qui s'est opposé à la fixation de quotas d'émission de gaz à effet de serre, mais avec un Congrès qui semble plus sensibilisé à l'environnement, et au moment où le reste du monde se mobilise pour conclure fin 2009 l'accord qui succédera en 2012 au protocole de Kyoto sur la réduction des GES.

Cependant, en pleine crise financière mondiale, il n'est pas du tout certain que le nouveau président démocrate trouve une approche commune avec le Congrès à temps pour régler certaines des questions climatiques les plus pressantes. «Nous allons manquer de temps», prévient Terry Root, biologiste à l'université Stanford.

Les États-Unis émettent 20% de plus de GES qu'en 1992, la Chine a dans le même temps plus que doublé sa pollution au dioxyde de carbone (CO2), principal responsable de l'effet de serre, et les prévisions scientifiques les plus pessimistes sont dépassées.