Le Botswana s'interroge sur l'opportunité de lever l'interdiction de la chasse aux éléphants, dont il abrite la plus forte population mondiale, en réponse aux agriculteurs du pays qui se plaignent des dégâts causés aux récoltes par les pachydermes.

Le président Mokgweetsi Masisi a officiellement lancé mercredi un débat public sur ce dossier sensible lors d'une visite à Maun, la capitale touristique du pays, a annoncé la ministre chargée du dossier, Pelonom Venson-Moitoi.

«La consultation nationale durera un mois avant qu'un rapport final soit rédigé pour être présenté au gouvernement», a précisé Mme Venson-Moitoi sur son compte Twitter.

Le lancement de ce débat intervient quelques mois après le départ du président Ian Khama, considéré comme un défenseur passionné de la faune sauvage de son pays.

En 2014, il avait interdit la chasse commerciale aux éléphants et à d'autres animaux menacés.

Sa décision a suscité de vifs mécontentements dans son pays, y compris au sein du Parti démocratique du Botswana (BDP, au pouvoir). Un député du BDP a déposé en juin une motion réclamant la levée de l'interdiction.

Coincé entre la Zambie et l'Afrique du Sud, le Botswana abrite la plus grande population africaine d'éléphants en liberté, évaluée à 135 000 animaux en 2015.

La richesse de sa faune en a fait un sanctuaire très prisé des amateurs de safaris haut de gamme et un des moteurs du développement de son économie, qu'il protège grâce à un arsenal antibraconnage jusque-là considéré comme exemplaire.

Jusqu'au mois de mai, ses rangers étaient ainsi lourdement armés et autorisés à tirer sur les braconniers.

Le président Masisi a alors ordonné leur désarmement pour, selon le gouvernement, se conformer à une loi du pays qui interdit à ces unités d'être armées.

La question a suscité une vive controverse la semaine dernière lorsqu'une ONG a rapporté avoir recensé depuis juillet dans le pays une centaine de carcasses d'éléphants tués par des braconniers pour récupérer leurs défenses en ivoire.

Le responsable d'Éléphants sans frontières, Mike Chase, a lié sa découverte, à sa connaissance le «plus grave épisode de braconnage en Afrique», au désarmement des rangers.

Les autorités de Gaborone ont vivement réagi en dénonçant son bilan «faux et trompeur» et en niant que cette décision avait causé une quelconque recrudescence du braconnage sur son territoire.

Selon l'Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), 30 000 pachydermes sont victimes chaque année du braconnage.