Les autorités canadiennes ont intercepté un conteneur qui cachait 18 tonnes de chair d'anguille en provenance d'Asie, dans le cadre d'une opération mondiale contre le commerce illégal de la faune et du bois.

Environnement Canada précise que des agents dans plusieurs provinces ont intercepté des ailerons de requins et des serpents réglementés, de même que des produits commerciaux comme des valises et des sacs à main fabriqués avec des espèces en voie de disparition.

Ces efforts s'inscrivaient dans le cadre de l'opération Thunderstorm, une enquête d'un mois menée par l'agence de police internationale Interpol.

Le gouvernement affirme que des agents fédéraux et provinciaux ont mené des activités d'inspection de transports d'animaux vivants, de vérification de plaintes concernant la destruction de l'habitat et d'espèces sauvages, et de contrôle des chasseurs et des pêcheurs à la ligne. Ils ont aussi participé à des opérations éclair pour intercepter des passages aux frontières.

La chair d'anguille serait celle d'une espèce ayant été désignée comme une espèce en voie de disparition et dont l'exportation a été interdite par l'Union européenne en 2010.

Les crimes contre les espèces sauvages dans le monde - comme le braconnage, la contrebande et le trafic d'animaux et de plantes - atteindraient actuellement plus de 200 milliards par année, ce qui place ce type de crimes au quatrième rang des crimes les plus lucratifs du monde, selon les Nations unies et Interpol.

1400 suspects à travers le monde

En plus de la chair d'anguille interceptée au Canada, l'opération a permis la saisie de milliers d'animaux vivants et de tonnes de viande et d'ivoire, a indiqué Interpol.

Des agents de bord qui transportaient des tortues dans leurs bagages et un chasseur qui affichait ses trophées illégaux sur les médias sociaux ont notamment été arrêtés. L'enquête a identifié quelque 1400 suspects à travers le monde, a dit Interpol.

Les autorités ont notamment mis la main sur 43 tonnes de viande sauvage - ours, éléphant, crocodile, baleine et zèbre -, 1,3 tonne d'ivoire d'éléphant, 27 000 reptiles, près de 4000 oiseaux, 48 primates, 14 grands félins et les carcasses de sept ours, dont deux ours polaires.

Plusieurs tonnes de bois ont également été saisies.

« Dans le cadre de cette opération, ces pays se sont concentrés au cours du mois de mai sur toutes sortes de crimes contre les espèces sauvages, qu'il s'agisse de plantes, d'animaux ou de bois, a déclaré Sheldon Jordan, le directeur de la Division de l'application de la loi sur la faune d'Environnement Canada. Les résultats ont été spectaculaires. »

Interpol a révélé que deux agents de bord arrêtés à Los Angeles avant de partir pour l'Asie avaient des tortues ponctuées dans leurs bagages. Les deux suspects ont été accusés de contrebande d'espèces protégées.

L'opération a permis de saisir huit tonnes d'écailles de pangolin à travers le monde, dont la moitié par les autorités maritimes vietnamiennes à bord d'un navire arrivant du Congo.

Le pangolin, le mammifère le plus braconné du monde, a été menacé d'extinction parce que ses écailles sont populaires en médecine traditionnelle asiatique.

Un homme arrêté en Israël attend sa déportation en Thaïlande après que sa photo de chasse diffusée sur les réseaux sociaux eut conduit à la saisie de plusieurs objets de la faune à son domicile, y compris des carcasses de renard, de chacal et de mangouste.

Le secrétaire général d'Interpol, Juergen Stock, a déclaré que l'opération illustre « comment les groupes de trafiquants d'espèces sauvages utilisent les mêmes routes que les criminels impliqués dans d'autres crimes - souvent l'évasion fiscale, la corruption, le blanchiment d'argent et les crimes violents ».

Les renseignements sur les enquêtes criminelles ont été recueillis avant l'opération et coordonnés par Interpol et l'Organisation mondiale des douanes, pour aider à cibler des points chauds spécifiques, y compris les points frontaliers terrestres et aéroportuaires et les parcs animaliers.