Ivoire, crocodile empaillé, fourrure, mais surtout tortues, perroquets et même ours ou grands félins vivants : le commerce en ligne menace les animaux protégés, alerte mercredi l'ONG IFAW, appelant à une réglementation spécifique en la matière.

Des experts de l'organisation se sont penchés en 2017 pendant six semaines sur les petites annonces postées en ligne (uniquement sur des sites en accès libre) dans quatre pays européens, France, Russie, Allemagne et Grande-Bretagne.

Résultat : 11 772 spécimens d'espèces sauvages menacées recensées dans 5381 annonces et messages sur 106 sites de vente en ligne et 4 réseaux sociaux, pour un montant estimé de 3,2 millions d'euros, indique le rapport. Mais il est « probable » que les messages identifiés sur les réseaux sociaux (6,2 %), inclus pour la première fois dans l'enquête IFAW (Fonds international pour la protection des animaux), ne soient qu'une « fraction » du total.

Selon l'étude, 80 % des spécimens proposés étaient vivants : principalement des reptiles (surtout des tortues, marines et terrestres qui représentent 45 % du total des annonces) et des oiseaux (perroquets gris du Gabon ou amazone, rapaces, oies...), mais parfois des animaux bien plus gros comme des yacks sauvages ou des orangs-outans en Russie, des lions, jaguars et ours en Allemagne.

Le commerce de certains de ces animaux protégés est totalement interdit, et d'autres espèces font l'objet de règles de vente très encadrées, notamment avec la détention de permis. Cela peut concerner par exemple des objets en ivoire datant d'avant 1947 avec un certificat d'authenticité ou un document prouvant qu'une tortue de Hermann a été élevée légalement en captivité en Europe.

Certaines annonces peuvent donc être légales. Sur la base de précédentes études, « entre 10 % et 20 % des annonces sont considérées comme légales » parce qu'il y a une mention de documentation à disposition, a expliqué à l'AFP Céline Sissler-Bienvenu, directrice d'IFAW pour la France et l'Afrique francophone.

IFAW souligne dans son rapport le « précieux travail » et l'engagement des sites de vente en ligne, notamment eBay, pour lutter contre ce trafic, former son personnel et éliminer les annonces litigieuses.

Mais il faut désormais renforcer les législations pour s'attaquer « spécifiquement » à ce commerce en ligne.

Il faut aussi « informer les utilisateurs sur la législation et sur l'état des espèces, sur le risque qu'ils prennent » et sur le fait qu'ils « peuvent alimenter sans le savoir des réseaux criminels organisés », a souligné Céline Sissler-Bienvenu.

Les informations récoltées ont été transmises aux autorités, mais il est « trop tôt » pour un retour, a-t-elle noté, précisant que de précédents rapports avaient mené à des procédures judiciaires.