Alors que les scientifiques n'ont signalé aucun nouveau-né de baleines noires de l'Atlantique Nord au large des côtes américaines cet hiver, certains espèrent que les femelles ont tout simplement changé d'emplacement pour la mise bas de leur petit.

Les baleines noires de l'Atlantique Nord, gravement menacées d'extinction, ont connu une « annus horribilis » en 2017 : en plus de cette apparente dénatalité, un nombre sans précédent de cadavres a été retrouvé sur les côtes atlantiques et dans le golfe du Saint-Laurent. Mais une équipe de chercheurs de la baie du Cap-Cod s'accroche à l'espoir que des baleineaux apparaîtront soudainement cette année en provenance d'un lieu de mise bas qui aura jusqu'ici échappé aux observations des biologistes marins.

Charles « Stormy » Mayo, du Centre des études côtières à Provincetown, au Massachusetts, rappelle que l'an dernier, trois baleineaux avaient été observés dans leur lieu de mise bas habituel, au large de la Géorgie et de la Floride. Or, peu de temps après, cinq autres ont été vus dans la baie du Cap-Cod, ce qui laisse croire aux biologistes qu'il existe, quelque part, une autre « maternité » pour ces baleines franches. Mais M. Mayo prévient qu'aucune preuve scientifique n'est venue jusqu'ici étayer cette thèse.

Son équipe aura l'oeil ouvert ce printemps dans cette baie où se retrouve habituellement en mai une partie des quelque 450 baleines noires restantes, avant leur migration pour l'été vers le golfe du Saint-Laurent. M. Mayo soutient que 109 baleines franches ont été signalées dans la région jusqu'ici - un peu plus tôt que d'habitude.

M. Mayo et d'autres experts croient que les baleines franches pourraient avoir modifié leur lieu de mise bas, un peu comme elles ont changé récemment d'aire d'alimentation - elles passaient jadis l'été dans la baie de Fundy, pas encore dans le golfe du Saint-Laurent.

Une première depuis les années 80

Mais si aucun nouveau-né n'est signalé cette année par les sentinelles, ce serait une première depuis les années 80. Les chercheurs croient que plusieurs des 18 baleines retrouvées mortes l'an dernier s'étaient empêtrées dans des filins de pêche ou avaient été heurtées par des navires. Des études théoriques suggèrent qu'au train où vont les choses, l'espèce pourrait disparaître de la planète d'ici 2040.

Clay George, biologiste au ministère des Ressources naturelles de la Géorgie, ne croit pas que des baleineaux feront soudainement leur apparition cette année. Il rappelle par contre que le nombre de nouveau-nés peut varier considérablement d'une année à l'autre. Ainsi, en 2000, on a signalé la présence d'un seul baleineau ; l'année suivante, 31 petits nageaient au côté de leur mère.

M. George est tout de même préoccupé par le fait que le nombre de nouveau-nés a chuté de moitié depuis 10 ans, alors que le nombre de décès a atteint un sommet en 2017.

Les baleines franches, qui ont une espérance de vie comparable à celle de l'humain, mettaient bas habituellement tous les trois ans ; cette fréquence varie maintenant entre sept et dix ans.