La déforestation liée aux plantations d'huile de palme risque de provoquer la disparition du tigre de Sumatra, déjà en danger, ont mis en garde des chercheurs mardi.

Le grand carnivore a disparu des îles indonésiennes voisines de Java et de Bali, et ses chances de survie à Sumatra dépendent du maintien de son habitat, selon une étude publiée dans la revue Nature Communications.

Cet habitat s'est réduit de 17% entre 2000 et 2012 et sa population a chuté d'un nombre estimé de 742 adultes à 618 sur la même période, selon les chercheurs.

Entre 1990 et 2010, Sumatra a vu disparaître 40% de sa forêt primaire. Et les tigres se retrouvent ainsi acculés dans des poches isolées de la forêt.

«La dégradation de vaste étendues sauvages poussent les tigres un peu plus près de l'extinction», a commenté l'auteur principal de l'étude Matthew Luskin, étudiant en doctorat à l'université de Californie à San Diego.

«Des sous-populations de tigres sont également considérablement plus fragmentées, augmentant de beaucoup la menace d'extinction en tant qu'espèce dans chaque forêt», a-t-il ajouté.

Il reste seulement deux habitats suffisamment grands pour accueillir plus de 30 femelles en âge d'avoir des petits, un chiffre considéré par les experts comme le seuil à partir duquel une population est viable sur le long terme.

Le braconnage, porté par la demande chinoise de divers morceaux de l'animal auxquels sont attribués des pouvoirs de stimulation de la vitalité et de la virilité, contribue également à son déclin.

Luskin et deux de ses collègues ont passé un an à explorer des parties reculées des forêts de Sumatra, installant des centaines de caméras et d'appareils photos se déclenchant au passage d'un animal.

Chaque tigre étant reconnaissable à ses rayures différentes d'un individu à l'autre, les chercheurs ont pu calculer, grâce aux données récoltées, que l'habitat d'un félin s'étendait sur environ 400 km2.

«C'est beaucoup plus étendu que les habitats de tigres dans d'autres régions comme l'Inde, et cela indique qu'ils ont besoin de parcs plus grands pour survivre», ont-ils expliqué dans un communiqué, notant malgré tout quelques bonnes nouvelles.

Les images ont ainsi montré que les populations de tigres dans les forêts primaires intactes avaient augmenté et étaient 50% plus élevées que dans des forêts exploitées pour le bois.

«Sauvegarder les étendues restantes de forêt primaire est maintenant absolument critique», a insisté un des auteurs, Mathias Tobler, de l'organisation San Diego Zoo Global.