Le gouvernement du Québec va préserver plus de 10 000 km2 de forêt au nord du 49e parallèle pour tenter de protéger le caribou forestier, une espèce en voie de disparition, a-t-il indiqué mardi.

Cette réserve naturelle, d'une superficie équivalente au tiers de la Belgique, sera créée dans la forêt boréale située au nord du lac Saint-Jean et du fleuve Saint-Laurent, à environ 900 km au nord-est de Montréal.

Cette forêt où prédominent des espèces résineuses abrite «les plus hautes densités de caribous forestiers du Québec», a rappelé la ministre québécoise de l'Environnement, Isabelle Melançon.

«La délimitation retenue protège non seulement des secteurs intensivement utilisés par le caribou forestier, mais elle s'est avérée la meilleure de plusieurs options pour réduire au minimum les impacts» sur l'industrie forestière, selon le gouvernement.

La création d'aires protégées est l'une des mesures importantes prévues par la province dans le cadre de son plan pour rétablir la population du caribou forestier (Rangifer tarandus) estimée à environ 10 000 têtes au Québec, soit un quart de l'espèce au Canada.

La préservation de cet habitat critique, qui permettra aussi de protéger de nombreuses autres espèces de la forêt boréale, était réclamée par les écologistes et les Amérindiens.

L'exploitation industrielle de la forêt, les feux et la présence humaine sont autant d'éléments venant perturber l'habitat du caribou forestier, espèce emblématique figurant sur la pièce canadienne de 25 cents.

L'an dernier, une organisation de défense des espaces sauvages, la Société pour la nature et les parcs du Canada (SNAP) avait engagé une action en justice contre le gouvernement canadien pour le contraindre à protéger le territoire du caribou forestier.

Le gouvernement canadien a assuré le mois dernier avoir «fait sa part» pour préserver l'espèce et a sommé les provinces d'agir, en soulignant que la quasi-totalité des forêts où vivent les caribous relève de leur compétence.

Tout en se félicitant de l'annonce du Québec, la SNAP a déploré dans un communiqué que le gouvernement provincial ait exclu de la réserve un secteur de 2000 km2 considéré lui aussi comme prioritaire pour la survie du caribou.

Ce secteur, situé à plus de 250 km des scieries les plus proches, représente une valeur «scientifiquement démontrée» pour la survie du caribou, selon cet organisme qui réclame à Québec de «suspendre temporairement tout projet de coupe forestière».