Une lueur d'espoir pour les diables de Tasmanie : décimés par un cancer de la face contagieux et incurable, ces marsupiaux ont évolué génétiquement à un rythme étonnamment rapide, ce qui pourrait les aider à échapper à l'extinction, ont annoncé mardi des scientifiques dans une étude.

Une équipe internationale a comparé les génomes de 294 diables de Tasmanie, obtenus avant l'apparition de cette maladie il y a 20 ans et depuis lors.

Les chercheurs ont pu mettre en évidence une évolution dans deux petites portions du génome contenant sept gènes, en l'espace de seulement quatre à six générations.

Cinq de ces sept gènes sont associés à une réponse immunitaire et au cancer chez d'autres mammifères, suggérant que les diables sont en train de développer une résistance à cette maladie, soulignent les chercheurs.

« Nous sommes agréablement surpris de voir que l'évolution a été aussi rapide », déclare à l'AFP Andrew Storfer de l'Université d'État de Washington, coauteur de l'étude publiée dans Nature Communications.

« Nous espérons que la réponse évolutive que nous avons découverte va permettre d'accroître la survie du diable de Tasmanie à cette maladie dévastatrice », ajoute-t-il.

Marsupial nocturne emblématique de la Tasmanie, île du sud-est de l'Australie, cet animal carnivore est frappé depuis 1996 par une maladie, la tumeur faciale transmissible du Diable de Tasmanie (DFTD), fatale à presque 100 %.

Elle se transmet via les morsures que s'infligent entre eux les diables (Sarcophilus harrisii), très agressifs et dotés de mâchoires puissantes.

Les diables meurent notamment de faim lorsque la tumeur atteint leur bouche, les empêchant de se nourrir.

En 20 ans, au moins 80 % de la population de diables a disparu de la Tasmanie, seule île où il survit après son éradication du continent australien.

La maladie a désormais gagné 95 % de l'île. Il ne resterait que quelques milliers de diables désormais à l'état sauvage.

Malgré tout, le diable n'a pas totalement disparu de zones où la maladie sévit depuis longtemps, relèvent les chercheurs.

« Il y a sept ans, j'ai publié des modèles qui prédisaient que ces populations de diables devraient être à présent éteintes. Je suis très content de m'être trompé », souligne le Professeur Hamish McCallum, de la Griffith University (Australie) et coauteur de l'étude. « Il semble que les diables se sauvent par eux-mêmes grâce à l'évolution », ajoute-t-il.

Les chercheurs espèrent aussi que leurs résultats pourront aider à sélectionner des diables destinés à être élevés en captivité et porteurs de cette résistance.

Le diable de Tasmanie n'est pas un animal commode. Sa bouche carnassière et son grondement féroce lui ont valu son nom de « diable ». Mais le personnage de bande dessiné Taz a redoré son image.

De la taille d'un petit chien, il vit dans des terriers et il est difficile à apercevoir dans l'obscurité compte tenu de sa toison proche du noir.

On le trouvait jadis partout en Australie, mais le diable a été la proie des dingos (chiens sauvages), puis, au début du 19e siècle, les colons lui ont asséné le coup de grâce, car il faisait des ravages dans les poulaillers.