La société baleinière islandaise Hvalur a annoncé jeudi qu'elle renonçait à harponner les rorquals communs cette année, excédée par les «entraves» règlementaires dressées par le Japon, son principal acheteur.

Le patron de Hvalur, qui alimente le marché nippon depuis 1973, malgré un moratoire international datant de 1986, dénonce les contrôles sanitaires imposés par les autorités nippones pour mesurer les taux de substances toxiques dans la viande du grand cétacé.

«Ils utilisent une méthode vieille de 40 ans dont les résultats ne sont pas fiables. Cette méthode date de l'âge de pierre. Quand nous exportons des produits baleiniers au Japon, on ne sait jamais à quoi s'attendre, ils sont capables de refuser tout un chargement», a expliqué Kristján Loftsson à l'AFP.

«Ce sont des entraves techniques au commerce totalement inacceptables» alors que l'Islande, assure-t-il, observe des «procédures internationales reconnues par les exportateurs et les importateurs».

Loin d'être aussi vertueux pour sa flotte nationale, le Japon pêche dans des eaux notoirement plus chargées en produits toxiques que celles où opèrent les baleiniers islandais, plaide Kristján Loftsson.

Les taux de PCB (polychlorobiphényles, polluants chimiques) enregistrés dans les océans Austral et Pacifique «sont au-dessus des limites fixées par le Japon et pourtant tous leurs produits baleiniers finissent sur le marché», affirme-t-il.

Lors de la saison 2015, Hvalur avait capturé 155 rorquals communs sur 171 prises autorisées par les autorités islandaises.

D'autres sociétés islandaises pêchent la baleine de Minke, une espèce plus petite, dont 29 individus avaient été harponnés sur un quota de 275.

L'Islande et la Norvège sont les deux seuls pays qui défient ouvertement le moratoire de 1986 sur la chasse commerciale à la baleine. Le Japon chasse aussi la baleine, officiellement à des fins scientifiques.

Cette pratique suscite la réprobation de nombreux États, dont les États-Unis qui en 2014 avaient menacé l'Islande de sanctions économiques, ou encore les membres de l'Union européenne.

Plus grand animal après la baleine bleue, le rorqual commun est une espèce considérée «en danger» par l'Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), mais son déclin est «réversible».

Les populations de l'Atlantique Nord qui concernent l'Islande ont même «pu augmenter», souligne le dernier rapport de l'UICN sur le cétacé datant de 2013.