De retour de New York, le ministre de l'Environnement David Heurtel s'est retrouvé sur le gril jeudi à l'Assemblée nationale devant expliquer la rebuffade cinglante de la Cour supérieure devant la décision de son ministère d'autoriser la pétrolière TransCanada à procéder à des forages en face de Cacouna, dans une zone de reproduction des bélugas.

En point de presse, M. Heurtel a expliqué que c'est la direction régionale de son ministère et non lui-même qui avait signé l'autorisation pour procéder à la caractérisation du site. En Chambre par la suite, il a martelé que le projet de TransCanada n'était pas pour autant approuvé, qu'il devrait traverser les étapes normales d'étude par le BAPE.

Dans sa décision, la juge Claudine Roy de la Cour supérieure estime que le ministère de David Heurtel n'avait pas en main d'avis juridique scientifique sur les effets des forages sur la survie des bélugas, quand il a donné le feu vert à la pétrolière le 20 août dernier. TransCanada pouvait procéder à ses sondages dans la zone sensible au large de Cacouna. Le ministre Heurtel avait soutenu par la suite qu'un avis favorable lui avait été transmis par Pêches et Océan, le ministère fédéral.

«Ce certificat-là, ça n'a pas été un chèque en blanc. Il y avait des conditions, puis ces conditions viennent de quelque part et elles viennent notamment des échanges de Pêches et Océans Canada», de préciser Heurtel jeudi.

En Chambre, le critique péquiste en matière d'environnement, Sylvain Gaudreault n'a pas raté sa cible. «La Cour supérieure a rendu un jugement dévastateur pour le ministre de l'Environnement, c'est une véritable gifle. La Cour suspend les forages géotechniques à Cacouna, elle critique aussi très sévèrement le processus d'analyse qui a mené au certificat d'autorisation à TransCanada. C'est carrément la crédibilité du ministre de l'Environnement qui est mise en cause, qui est entachée», relève l'ancien ministre des Transports.

«Les réponses aux questions adressées à TransCanada et à Pêches et Océans Canada sur les effets des forages sur les bélugas inquiètent plutôt que de rassurer. Malgré ça, le ministre change sa position et signe le certificat d'autorisation. La juge nous dit que rien dans la preuve actuellement n'explique ce revirement de situation. Face à l'absence de connaissances approfondies des représentants du ministère sur les bélugas, le ministre ne juge pas utile de consulter les experts en la matière», de relever M. Gaudreault, le jugement en main.

Pour le ministre Heurtel, «il est très important de préciser que le projet n'est pas encore autorisé et qu'il y a un processus d'évaluation environnementale en cours, on est à l'étape de l'étude d'évaluation des impacts environnementaux et, comme on l'a fait le 30 mai, lorsqu'on a annoncé qu'il y aurait un Bureau d'audiences publiques sur l'environnement sur le projet, le bureau, suite à la recevabilité de l'étude d'impacts environnementaux, va se pencher sur l'ensemble du projet», a-t-il souligné.

«On va approfondir les questions reliées aux bélugas, à la sécurité des personnes, à la protection de l'environnement, à l'émission des gaz à effet de serre. Toutes les questions vont être approfondies, et, si nos lois et règlements ne sont pas suivis, le projet n'aura tout simplement pas lieu», de promettre le ministre.