Le mercure, dont la présence dans les océans est renforcée par la pollution, s'accumule dans le sang des skuas, des oiseaux migrateurs vivant en Antarctique, et perturbe leur reproduction, ont constaté des chercheurs.

Les auteurs de l'étude, parue mercredi dans la revue Ecology, affirment que les animaux qui ont les taux de mercure les plus élevés dans le sang ont «moins de chances de se reproduire avec succès et en particulier d'élever leurs poussins».

Sur la base de ces résultats, les scientifiques du Centre d'études biologiques du Chizé et d'un laboratoire CNRS/Université de La Rochelle estiment que «les polluants qui s'accumulent au niveau des pôles peuvent bel et bien mener à un déclin des populations d'oiseaux».

Une partie du mercure issu des activités industrielles et domestiques (combustion d'hydrocarbures et de charbon) est balayé par les vents vers l'Arctique et l'Antarctique, explique l'étude.

Ce mercure d'origine anthropique s'ajoute à celui d'origine naturelle et se retrouve dans la chaîne alimentaire des skuas, qui se nourrissent d'oeufs et de poussins de manchots et de poissons.

Du coup, les skuas ont, dans le sang, des concentrations élevées de mercure, un perturbateur endocrinien capable d'inhiber la production d'hormones nécessaires à la reproduction, écrivent les chercheurs.

L'expérience menée sur dix ans avec des oiseaux bagués a été conduite en Terre Adélie et aux îles Kerguelen.

Les scientifiques souhaitent que des études similaires soient lancées pour mesurer sur les oiseaux de l'Antarctique les effets d'autres polluants, tels que les pesticides et d'autres métaux lourds, ainsi que des molécules nouvelles comme les composés perfluorés.