Plus de mille rhinocéros ont été tués en Afrique du Sud en 2013 par des braconniers pour alimenter le trafic de poudre de corne, 77 fois plus qu'en 2007, a annoncé le gouvernement vendredi.

«Le nombre total de rhinocéros braconnés en Afrique du Sud durant l'année 2013 a augmenté et atteint 1004», a indiqué le ministère sud-africain de l'Environnement, rappelant les chiffres des années précédentes: 333 en 2010, 448 en 2011 et 668 en 2012.

En 2007, 13 rhinocéros seulement avaient été tués par les braconniers dans le pays.

Et depuis le début de l'année, 37 ont déjà péri.

La majorité de ces gros ruminants ont été tués dans le célèbre parc national Kruger, voisin du Mozambique, malgré le renfort apporté par l'armée aux rangers pour affronter des braconniers aux tactiques paramilitaires. Un drone a même été mobilisé.

L'Afrique du Sud abrite 80% de la population de rhinocéros, dont 8500 à 9500 dans le Kruger.

Le nombre de suspects arrêtés en relation avec le braconnage a progressé l'an dernier, mais deux fois moins vite que l'essor du braconnage lui-même.

Ce volumineux mais paisible mammifère, dans une certaine mesure comparable à la vache, est victime de l'engouement pour son appendice cornu, revendu illégalement sur le marché de la médecine asiatique traditionnelle, essentiellement au Vietnam, selon les experts.

La corne, qui pousse d'environ six centimètres par an, contient la même matière que les ongles humains, de la kératine. Elle se négocie plus cher que le platine, la cocaïne ou l'héroïne.

Souvent, les braconniers anesthésient les rhinocéros et leur arrachent la corne à la hache. L'animal se réveille ensuite et meurt en quelques jours des suites de ses blessures.

Parallèlement aux efforts de répression, l'Afrique du Sud fait campagne pour rétablir le commerce légal de cornes - le moratoire date de 2009 - et réfléchit à développer l'élevage commercial de rhinocéros.

Le commerce international de cornes ne pourrait reprendre sans un accord à la Convention internationale sur le commerce des espèces menacées d'extinction (CITES), dont la prochaine grande réunion se tiendra en 2016.

Selon Traffic, un réseau international de surveillance du commerce des espèces sauvages, au rythme auquel les rhinocéros sont tués, «la population de rhinocéros blancs d'Afrique du Sud (est) de plus en plus proche du point critique où les morts seront plus nombreuses que les naissances, et la population va sérieusement diminuer».

Julian Rademeyer, auteur d'un livre sur le commerce illégal de corne de rhino (Killing for Profit - Exposing the illegal rhino horn trade, Tuer pour le profit - Révélations sur  le commerce illégal de corne de rhino), estime qu'il n'y aura pas de répit pour ces animaux car le commerce de leur corne est lucratif.

«Nous sommes certains d'enregistrer un nouveau record. Nous sommes certains que plus de 1000 rhinocéros seront tués par des braconniers en 2014», a déclaré M. Rademeyer à l'AFP. «Il faudra sans doute un miracle pour que cela n'arrive pas».

«La corne de rhino est un produit. Ces organisations criminelles ne s'arrêtent pas à un seul produit, elles veulent d'autres produits», a-t-il ajouté. «Elles veulent des os de lion, elles veulent des reptiles, elles veulent de l'ivoire. Donc quand elles ont commencé (leur trafic), il devient très difficile de s'en débarrasser», a ajouté M. Rademeyer.

Des criminels autrefois impliqués dans des braquages de banques ou des cambriolages «se tournent désormais vers la corne de rhino parce que les risques sont plus faibles», explique-t-il.