La Chine a procédé lundi à la destruction très médiatisée de quelque six tonnes d'ivoire, les autorités cherchant à redorer l'image du pays, ternie par sa place centrale dans le trafic des défenses d'éléphants africains.

Entourés de grandes piles d'ivoire dont certains objets sculptés, des agents ont inséré les défenses dans d'imposants concasseurs qui les réduisaient en poudre, selon des images diffusées en direct par la télévision d'État CCTV.

Des officiels des administrations des douanes et des domaines forestiers ont supervisé la destruction de ces stocks, saisis sur une période de plusieurs années et dont le poids total, selon CCTV, avoisinait 6,1 tonnes.

Organisée à Dongguan (sud), cette opération soigneusement orchestrée constitue «le dernier effort en date de la Chine pour décourager le trafic de l'ivoire, protéger la nature et renforcer la prise de conscience du public», a commenté l'agence officielle Chine nouvelle.

Une demande croissante d'ivoire à travers l'Asie encourage les massacres d'éléphants d'Afrique par les braconniers, alors que les autorités peinent à enrayer les réseaux internationaux de trafic de défenses.

Selon les experts, une majeure partie de l'ivoire illégal prend le chemin de la Chine, où les objets dans ce matériau ont longtemps été vus comme une marque de statut social élevé, et certains estiment que le pays représente jusqu'à 70 % de la demande mondiale.

«Avec des mesures comme celle-ci, nous pouvons encore empêcher le processus conduisant vers une extinction des éléphants», a estimé Iain Douglas-Hamilton, fondateur de Save The Elephants, une ONG environnementale basée à Londres, cité dans un communiqué.

Selon la radio d'État chinoise, une partie de la poudre résultant du concassage d'ivoire réalisé à Dongguan sera exposée dans un musée, le reste étant soigneusement conservé par les autorités. La poudre d'ivoire est un ingrédient de la pharmacopée chinoise traditionnelle.

La Chine a été désignée en mars 2013 comme l'un des huit pays n'agissant pas assez résolument pour combattre le trafic de défense d'éléphant, selon la Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d'extinction (CITES).

La CITES a banni tout commerce international de l'ivoire en 1989, mais le fonds mondial pour la nature (WWF) estime qu'entre 22 000 et 25 000 éléphants sont tués chaque année en Afrique pour leurs défenses.

Selon le WWF, il pourrait ne rester actuellement que 470 000 éléphants sur le continent africain.

Les principaux pays impliqués dans le commerce de l'ivoire, dont la Chine et la Thaïlande, s'étaient mis d'accord début décembre lors d'un sommet au Botswana sur des «mesures d'urgence» à mettre en oeuvre d'ici à fin 2014 et destinées à renforcer leur coopération et la répression.

De même que la Chine, les États-Unis avaient réduit en poudre en novembre dernier quelque 6 tonnes d'ivoire. Les Philippines avaient détruit 5 tonnes de défenses en juin, et le Kenya avait livré aux flammes un volume équivalent en 2011.