Le nombre de rhinocéros tués par des braconniers pour récupérer leur corne est en passe de dépasser le nombre des naissances de ces mammifères menacés, a mis en garde vendredi l'International Rhino Foundation dans un rapport.

«Cette situation n'est simplement pas tenable et représente une sérieuse menace aux gains enregistrés ces dernières décennies en matière de conservation des espèces», insiste Susie Ellis, directrice de l'IRF, une ONG basée aux États-Unis.

«Si on ne prend pas au sérieux cette crise du braconnage et si on ne prend pas des mesures urgentes, on risque de perdre de façon permanente des populations de rhinocéros qui permettent d'assurer la survie de l'espèce à long terme», prévient-elle.

Réunis vendredi à Tampa en Floride, le conseil d'administration de l'IRF et des experts internationaux, ont publié un rapport contenant de nouvelles estimations sur le braconnage des rhinocéros et suggérant des actions à mettre en oeuvre pour assurer une conservation durable de ces animaux.

En réponse à une forte reprise du braconnage des rhinocéros en Afrique depuis 2008, l'IRF relance une campagne baptisée «Operation Stop Poaching Now» («Arrêter le braconnage maintenant») qui prévoit la formation et la fourniture d'équipements à des unités anti-braconnage au Zimbabwe et en Afrique du Sud ainsi que la diffusion d'informations pour éduquer le public sur la menace grandissante pesant sur ces animaux.

Depuis le début de 2013, 827 rhinocéros blancs et noirs ont été abattus par des braconniers en Afrique du Sud; en septembre ce nombre dépassait déjà le record annuel de 668 établi en 2012 dans ce pays. En comparaison, seulement 13 rhinocéros avaient été victimes du braconnage en Afrique du Sud en 2007.

Les rhinocéros africains sont chassés surtout pour leur corne, dont la demande est très forte dans la médecine traditionnelle asiatique, sans aucune preuve scientifique de leur efficacité.

Par ailleurs, deux des cinq espèces dans le monde, le rhinocéros de Java et de Sumatra, sont proches de l'extinction.

En septembre, les autorités américaines avaient décidé de classer les rhinocéros blancs comme espèce «menacée» en raison d'une augmentation de leur braconnage en Afrique où leur population est estimée à plus de 20 000. Ce rhinocéros que l'on trouve surtout en Afrique du Sud était le seul des cinq espèces de ce mammifère à ne pas être classé comme en danger dans la loi américaine. Il ne peut de ce fait plus faire l'objet de commerce aux États-Unis.

Les États-Unis sont un lieu de transit et une destination commerciale clé pour des produits illégaux issus de la corne de rhinocéros et jouent de ce fait un rôle important pour lutter contre ce trafic.