Tigre de Tasmanie, kangourou-rat du désert ou bandicoot à pieds de porc ont une chose en commun : personne n'en a vu la queue d'un depuis des années. Et pour cause, ces espèces sont éteintes et leur commerce international n'est donc plus interdit.

Les 178 pays membres de la Convention sur le commerce international des espèces menacées (CITES), réunis à Bangkok depuis dimanche, ont retiré jeudi sans vote six espèces australiennes de son annexe I - qui interdit le commerce planétaire.

La plus emblématique est le tigre de Tasmanie. Ressemblant à un chien, il a été décimé par les fermiers qui l'accusaient de tuer leurs moutons. Le dernier spécimen connu, capturé en 1933, est mort en 1936 dans un zoo de Hobart et il est classé éteint par l'Union internationale pour la conservation de la nature (IUCN) depuis 1982.

Par précaution, il avait malgré tout été inscrit à l'annexe I de la CITES dès l'entrée en vigueur de celle-ci en 1975, tout comme le wallaby à queue cornée ou le bandicoot-lapin à queue blanche.

Quant à la roussette d'Okinawa, elle n'a probablement jamais existé, un seul spécimen ayant été collecté au 19e siècle.

D'autres espèces éteintes seront examinées d'ici la fin de la conférence, le 14 mars, comme le Caracara de Guadalupe au Mexique et la chouette à joues blanches de Nouvelle-Zélande.

«C'est terriblement triste», a commenté Colman O'Criodain, du Fonds mondial pour la nature (WWF), notant malgré tout que le commerce n'avait rien à voir avec ces disparitions.

En Australie, «cela reflète ce qui s'est produit lorsque les Européens sont arrivés sur le continent», a-t-il souligné, évoquant l'introduction d'espèces invasives comme les chats et les renards.

«L'Australie a une triste histoire, avec de nombreuses extinctions, en particulier de petits mammifères», a reconnu Deb Callister, chef de la délégation australienne. Sont également sur la liste «deux grenouilles fascinantes, qui élevaient leurs petits dans leur bouche, donc assez uniques», a-t-elle ajouté à l'AFP.

Mais personne n'en a plus trouvé depuis les années 1980. «L'Australie n'est pas fière de ce record d'extinctions, mais c'est un héritage dont nous avons appris» pour protéger aujourd'hui les espèces menacées.

Parmi elles, le diable de Tasmanie, un marsupial frappé par un cancer contagieux de la face qui a décimé 90 % de sa population, et qu'il est peut-être possible de sauver.

C'est une des premières fois que la CITES retire autant d'espèces éteintes de ses listes, qui en protègent quelque 35 000. «Il va probablement y en avoir d'autres», a commenté David Morgan, scientifique de la Convention, qui a lancé une mise à jour des listes.