Pour freiner l'extinction de son félin préféré, le premier ministre russe Vladimir Poutine a réuni des scientifiques et des dirigeants de 13 pays à Saint-Pétersbourg pour le premier Forum international du tigre.

Q: Pourquoi Vladimir Poutine parle-t-il de «catastrophe» ?

R: Il y a 100 ans, la planète comptait 100 000 tigres de 8 sous-espèces. Aujourd'hui, il n'en reste plus que 3200. Trois sous-espèces sont éteintes. Selon les experts, si aucune mesure n'est prise, le tigre pourrait disparaître d'ici 20 ans.

Q: Quelles sont les principales menaces à sa survie?

R: La destruction de son habitat naturel et le braconnage. Le tigre est exigeant. Chaque spécimen a besoin de 250 km2 de territoire pour survivre. En un siècle, la déforestation et le développement urbain ont détruit 93% de son espace vital, particulièrement en Inde, habitat de la moitié de la population totale des tigres. Aussi, le fauve rare vaut son pesant d'or pour les braconniers: 50 000$ sur le marché noir asiatique. Et la demande est gigantesque. Les Chinois ne peuvent se passer des produits dérivés du tigre, même s'ils sont illégaux depuis 1993.

Q: Pourquoi la Russie a-t-elle pris l'initiative de défendre le tigre?

R: Le tout-puissant premier ministre Vladimir Poutine en a fait une cause personnelle. Il contrôle lui-même le programme de sauvegarde de la bête en Russie, en plus de ceux du béluga et de l'ours polaire. Dans son discours devant les participants au sommet hier, il a prévenu que le destin du tigre faisait partie des «questions vitales pour toute l'humanité». «Là où le tigre se porte bien, tout le monde se porte bien», a-t-il dit, citant Mahatma Gandhi. Autre raison: la Russie est le seul pays au bilan positif en matière de protection du tigre.

Q: Quels engagements ont été pris durant le sommet de Saint-Pétersbourg?

R: L'objectif est de doubler la population du félin d'ici la prochaine année du Tigre dans le calendrier astrologique chinois, en 2022. Les organisations et pays participants se sont entendus sur un plan quinquennal de 350 millions de dollars pour combattre la déforestation de l'habitat du tigre, son braconnage et le marché noir de ses dérivés.

Q: Sera-t-il possible de sauver le tigre?

R: La partie est loin d'être gagnée. Premièrement, l'engagement de 350 millions de dollars devra devenir réalité et faire l'objet de mesures concrètes et coordonnées dans les 13 pays (Bangladesh, Bhoutan, Cambodge, Chine, Inde, Indonésie, Laos, Malaysie, Birmanie, Népal, Thaïlande, Vietnam et Russie) qui abritent l'animal. Ensuite, leur application ne sera pas chose facile. En Inde et en Russie notamment, où les riches braconniers peuvent compter sur le manque de gardes forestiers et la corruption des douaniers pour assurer la pérennité de leur commerce.