Les cinq pays de l'Arctique ont officiellement fait du changement climatique l'ennemi public numéro 1 pour leurs ours blancs jeudi, appelant à une mobilisation «urgente» de la communauté internationale à neuf mois de la conférence de Copenhague sur le climat.

A l'issue d'une réunion de trois jours à Tromsoe (nord de la Norvège) consacrée à la conservation de l'ours polaire, les cinq États (Etats-Unis, Canada, Russie, Norvège, Danemark/Groenland) ont exprimé leur «profonde inquiétude» face à l'impact du réchauffement sur l'animal.

«Les parties ont convenu que les effets du changement climatique et que la perte et la fragmentation, continues et croissantes, des glaces marines (...) constituent la menace la plus importante pour la conservation de l'ours polaire», ont-ils dit dans une déclaration commune.

«Les parties ont convenu que la protection des ours polaires à long terme dépend de l'enrayement du réchauffement climatique», précise le texte, qui souligne «le besoin urgent d'une réponse mondiale efficace aux défis» posés par le réchauffement.

Les cinq Etats sont liés par un accord de protection de l'ours polaire et de son habitat remontant à 1973. Ce texte prévoyait essentiellement une interdiction -- sauf rares exceptions -- de la chasse, alors perçue comme la principale menace planant sur l'espèce.

Le recentrage sur le péril climatique a été salué par les défenseurs de l'environnement et les scientifiques qui y voient un message fort en amont de la conférence de Copenhague prévue en décembre pour tenter de trouver un accord post-Kyoto sur la réduction des émissions de gaz à effet de serre.

«C'est un succès», a commenté Geoff York, expert de l'ours polaire au Fonds mondial pour la nature (WWF) même si la déclaration de Tromsoe est juridiquement non contraignante.

«Les parties ont fait un pas significatif dans la bonne direction et la responsabilité repose maintenant sur leurs gouvernements pour qu'ils agissent en vue de réduire leurs émissions», a-t-il dit à l'AFP.

Président du Polar Bear Specialist Group, un réseau international de scientifiques, le Canadien Andrew Derocher a également exprimé sa satisfaction.

«C'est beaucoup plus encourageant que je ne le redoutais au début de la réunion» de Tromsoe, a-t-il déclaré à l'AFP. «Je suis vraiment ravi que la menace prédominante du changement climatique soit unanimement reconnue par tous les Etats».

«La question maintenant est de savoir comment ce message se traduira à Copenhague et comment le message de ces deux rencontres (Tromsoe et Copenhague, ndlr) se traduira ensuite au sein de la communauté internationale et ses efforts de réduction des émissions», a-t-il ajouté.

La banquise est indispensable à l'ours polaire qui y chasse le phoque, son mets de base.

D'après les observations satellite, la superficie des glaces marines en été dans l'Arctique, de 2005 à 2008, a été la moins élevée des trois dernières décennies.

Les scientifiques redoutent une fonte totale des glaces marines au cours des périodes estivales dans un avenir très proche, un processus qui aurait des conséquences dramatiques pour l'ours.

Les deux-tiers des 20 à 25 000 ours polaires vivant aujourd'hui risquent de disparaître à l'horizon 2050, estiment les scientifiques américains de l'US Geological Survey.

Les participants à la réunion de Tromsoe, dont c'était seulement la deuxième rencontre depuis 1981, sont aussi tombés d'accord pour intensifier leurs échanges. Ils doivent se réunir de nouveau dans deux ans au Canada, puis deux ans plus tard en Russie.